Elyze, l'application à succès qui veut revendre vos préférences politiques

Elle se fait appeler « le Tinder de la présidentielle ». Lancée il y a deux semaines, l’application Elyze entend redonner aux jeunes le goût de la politique, en reprenant les codes d’un célèbre site de rencontres. Sur l’écran s’affiche une proposition de campagne. Exemple : « Établir un impôt sur la fortune climatique ? » Trois possibilités s’offrent alors à vous : « aimer » cette proposition, la refuser ou s’abstenir. Répétez l’opération pour les quelque cinq cents mesures suivantes et Elyze finit par vous révéler l’identité de votre heureux « match ». Soit le candidat à l’élection présidentielle avec qui vous partagez le plus de propositions. En d’autres termes, l’application vous indique qui de Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen ou Éric Zemmour est votre président de la République idéal.

« Le désamour des jeunes pour la politique s’est illustré lors des élections régionales et départementales de 2021, où 9 sur 10 ne se sont pas rendus aux urnes, se désole François Mari, étudiant à l’école de commerce HEC Montréal et cofondateur de l’application. On souhaite donc leur proposer un outil pédagogique, pour les convaincre de faire vivre la démocratie. » Quinze jours après sa mise en service, l’application figurait déjà en tête des classements, devant Tous anti-Covid. Elle a déjà été téléchargée plus de 1,1 million de fois. Un succès inattendu pour le jeune homme de 19 ans et son acolyte.

Rançon de la gloire, face à cette viralité se pose la question de la protection des données. Que devient cette multitude d’informations sur les orientations politiques de chacun ? Dissimulée au cœur des indigestes conditions générales d’utilisation (CGU), une clause précise que parmi les finalités du traitement des données à caractère personnel figure « la revente » de celles-ci « à des tiers ».

« On ne vendra pas les données brutes, mais des statistiques générales »

Après avoir assuré dans le média local Le 24 heures que cette clause était seulement une « obligation légale », l’équipe a vite changé de discours. En effet, cette cause est bel et bien obligatoire… si l’on envisage effectivement une revente des données. À titre comparatif, cette clause ne figure pas dans les CGU de l’application de rencontre Tinder, sur laquelle s’est pourtant calquée Elyze.

Capture d’écran de l’application Elyze.

« Nous avons mis cette clause au cas…

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Auteur: Emmanuel Clévenot (Reporterre) Reporterre