Émeutes de banlieue, non au TCE : la rencontre manquée de 2005

2005, c’est l’année d’une double contestation populaire. Deux moments de rupture, deux colères, deux insurrections — mais séparées par un mur invisible. Ce double soulèvement révèle, sous des formes différentes, un même verrou stratégique : l’État racial et néolibéral, dans sa forme nationale comme dans sa déclinaison européenne. Un État qui ne se contente pas de gouverner, mais qui produit activement des hiérarchies de race et de classe, à travers le droit, l’école, la police, et désormais les institutions supranationales. Contrairement à ce qu’on pense, ce n’est pas un État qui « oublie » les quartiers ou les précaires, c’est un État qui les organise comme marges.

Le 29 mai, une majorité de Françaises et de Français rejette, par référendum, le Traité constitutionnel européen (TCE). C’est un refus massif et populaire, un cri contre l’Europe du marché, de la concurrence, de la casse sociale. Les ouvriers, les précaires, les chômeurs disent non à l’inscription dans le marbre du droit d’un ordre néolibéral. C’est le refus d’un traité qui constitutionnalise l’impuissance politique. C’est un refus plus global d’un ordre néolibéral élitiste, anti-démocratique et autoritaire. Ce traité visait également à verrouiller durablement l’ordre économique européen contre toute remise en cause future, y compris par les pays issus de l’ancien empire colonial ou par les mouvements sociaux portés par des héritiers de l’immigration postcoloniale.

Quelques mois plus tard, c’est une autre catégorie de la population qui entre en scène — et dans un tout autre langage. En octobre et novembre 2005, après la mort de Zyed et Bouna, poursuivis par la police à Clichy-sous-Bois, les quartiers populaires se soulèvent. Trois semaines de révolte. Incendies, affrontements, nuit après nuit. Des jeunes, Noirs et Arabes, descendants des damnés de la terre, relégués dans les marges de…

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Auteur: redaction