Il y a cinq ans, un tremblement de terre ébranlait le système de partis français : Emmanuel Macron, quasi inconnu deux ou trois ans plus tôt, effectuait un parcours de météorite, écrasant la gauche et affaiblissant la droite, jusqu’à ravir la victoire à l’élection présidentielle, puis réunissait une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Ce qui était encore impensable quelques mois plus tôt venait de se produire.
Il est important de souligner ici que le candidat Macron devait une bonne partie de sa victoire à ce qu’on appellera ici le « populisme couronné ».
Le populisme couronné est une posture politique qui consiste à désavouer les élites politiques traditionnelles, en dénonçant le système de partis existant, et, en tant que chef d’État (ou simple candidat, dans un premier temps), en se réclamant directement du peuple contre les élites. Ces dernières peuvent être de diverses natures : dans tous les cas, le populisme couronné dénonce les parlementaires, droite et gauche confondue, mais il peut aussi dénoncer tout ou partie des médias, éventuellement les syndicats, tout ce que l’on appelle les corps intermédiaires, et parfois, plus rarement, une partie des élites sociales.
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Ainsi, le candidat Macron dénonçait la classe politique dans son ensemble, droite et gauche confondues, toutes deux renvoyées à ce qu’il appelait « l’ancien monde ».
Il se réclamait du peuple contre les élites, et en voulait pour preuve le fait que son programme était directement issu du terrain, recueilli par un mouvement politique alors atypique, En marche, issu de la société civile. Le populisme couronné est un phénomène d’une puissance exceptionnelle, un mouvement qui allie à la fois la force dévastatrice de l’opposition et la majesté du pouvoir d’État.
Histoire du populisme couronné
Mais le phénomène va bien au-delà, à la fois dans le temps et dans l’espace, et c’est ce que l’on voudrait souligner brièvement à présent. Les deux premiers populistes couronnés étaient tous deux des monarques réduits à un rôle symbolique par les conventions du régime parlementaire, ou de son équivalent : ce fut d’abord le cas de Gustave III de Suède, qui n’hésita pas à provoquer un coup d’État, en 1772, afin de se libérer du carcan du Parlement. Le deuxième fut le roi George III d’Angleterre. En 1784, il provoqua une grave crise constitutionnelle, afin de renverser une coalition contre nature entre les partis de gouvernement, qu’il mit à bas grâce à une dissolution triomphale.
On pourrait également évoquer Andrew Jackson, fondateur du parti démocrate aux États-Unis, qui entreprit de partir en guerre contre l’oligarchie des élites républicaines, restées longtemps seules au pouvoir. Il entendait aussi lutter contre ce qu’il appelait…
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Auteur: Carlos-Miguel Pimentel, Professeur de droit public, Institut Supérieur de Management – IAE de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines