« Emmanuel Macron s'installe délibérément sur le terrain de la fascisation »

  • Nous sommes donc dans une situation où nous faisons face à une menace fasciste en France ?

Oui, même si, évidemment, Ugo Palheta et moi sommes très clairs : il faut souligner très fermement qu’il n’y a pas de fascisme. Le régime n’est pas fasciste, la politique menée n’est pas fasciste à proprement parler, mais, outre le fait qu’il y a très clairement des groupes fascistes organisés, il y a aussi dans le monde médiatique des éditorialistes qui le sont de plus en plus et qui, pour autant, ont pignon sur rue et sur micro. Je pense par exemple à Zemmour ou Messiha, qui tiennent un discours extrêmement racialiste et qui prônent ce qui pourrait correspondre à la définition du fascisme, c’est-à-dire une aspiration à un pouvoir non seulement autoritaire, mais qui déciderait d’éliminer systématiquement ses opposants pour imposer une communauté fondée sur la nation et homogène du point de vue à la fois social et ethno racial, du point de vue du genre, des mœurs, etc.

Il n’y a pas de fascisme, au sens d’un régime politique, mais il y a une menace. Les menées factieuses de certains corps de police sont très révélatrices, quand les agents viennent intimider les journalistes en encerclant la Maison de la Radio, quand ils viennent se rassembler sur les Champs-Elysées, ou encore quand ils viennent intimider le Parlement et la justice en manifestant devant l’Assemblée. Il y a des traits de fascisation évidemment, quand il y a des traques contre les migrants, une criminalisation du soutien aux migrants, quand des petits groupes fascistes s’en prennent à des librairies antifascistes.

On peut parler de menace fasciste, plus précisément de traits de fascisation, qui s’inscrivent plus généralement dans une sorte d’extrême droitisation du débat public du point de vue idéologique et de la politique menée au sommet de l’État.

  • Qu’entendez-vous par traits de fascisation ?

On observe une surenchère autoritaire, avec un pouvoir exercé de manière de plus en plus autoritaire. Il nous semble intéressant de rappeler ce que disait Antonio Gramsci sur la crise d’hégémonie. La tendance à la fascisation prend place dans une crise d’hégémonie, quand le pouvoir en place peut de moins en moins obtenir le consentement de la population et doit exercer de plus en plus son pouvoir sous une forme répressive, sous une forme d’intimidation.

Or, on voit croître une violence d’État qui non seulement n’hésite pas à réprimer les manifestations, les mobilisations sociales, comme on l’a vu…

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Auteur: Ludivine Bantigny