Tout au long de sa double trajectoire militante et universitaire, Emmanuel Terray, décédé le 25 mars 2024, est resté fidèle au choix qu’il avait fait à vingt ans : celui de l’engagement à gauche. Renonçant au militantisme partidaire au milieu des années 1970, l’anthropologue a passé la seconde moitié de sa vie à militer autrement en faveur des droits des travailleurs, avec ou sans papiers, et à affirmer, que le matérialisme historique n’avait rien perdu de sa pertinence théorique après la chute du mur de Berlin. Si ce critique de longue date du « socialisme réel » a été surpris par l’effondrement du bloc de l’Est, il n’a cessé d’affirmer depuis lors que la fin du « socialisme réel » était loin d’équivaloir à la mort du marxisme.
En complément de cet article, on pourra lire un entretien – inédit en français – avec Emmanuel Terray.
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La disparition d’Emmanuel Terray a été immédiatement suivie de chaleureux hommages de la part de ses collègues universitaires et de ses camarades de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH). Dans la presse généraliste, en revanche, seuls L’Humanité, Le Monde et Politis ont publié de brèves nécrologies relatant le parcours scientifique et militant de cet anthropologue né en 1935. Au sein du marxisme français, Terray occupe à une position analogue à celle qu’il tient dans le champ intellectuel français en général : celle d’une figure à la fois majeure et discrète.
Pour rendre compte de cette place paradoxale, il est d’abord tentant d’avancer des considérations disciplinaires : au contraire de son camarade d’études et de parti(s) Alain Badiou et de la plupart des marxistes les plus célèbres de sa génération, Terray n’a pas décidé de rester philosophe après l’agrégation. Cependant, la lecture des textes dans lesquels il a proposé un bilan de ses activités scientifiques[1] et militantes[2] convainc que c’est aussi une…
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Auteur: redaction