Emploi : reprise de l’économie et de la précarité

« Notre économie repart très fort », expliquait avec satisfaction Élisabeth Borne le 22 octobre à propos de la décision du Conseil d’État, favorable au gouvernement, de ne pas suspendre le décret d’application de la réforme de l’assurance chômage. Celui qui pénalise les demandeurs d’emploi enchaînant période de travail et période de chômage en réduisant leurs allocations mensuelles, à compter du 1er octobre. Assurément, le gouvernement se congratulera aussi des « bons chiffres du chômage » du troisième trimestre 2021, publié aujourd’hui par la Dares. Comme il s’était enthousiasmé du très grand nombre de déclarations d’embauche : 6,62 millions sur la même période. « Un tel niveau n’avait pas été atteint depuis vingt et un ans », claironnait hier la ministre du Travail, négligeant qu’aucune pandémie au cours des 20 dernières années ne permettait de comparaison sérieuse.

Alors certes, le nombre de chômeurs inscrit dans la catégorie A – celle des demandeurs d’emploi n’ayant exercé aucune activité dans le mois – a baissé de 5,8 % ce trimestre. Et même assez logiquement de 9,9 % sur un an, après une année 2020 marquée par la COVID-19 et un rétrécissement de l’activité économique. Mais si la reprise est là, elle est marquée par un marché de l’emploi dégradé. En effet, les chiffres de la Dares montrent que le nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie C – celle des chômeurs ayant travaillé plus de 78 heures dans le mois – augmente de 6,5 % au troisième trimestre 2021. Et progresse de 7,4 % sur un an. Comme celle de la catégorie B, les personnes ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois : +3,3 % sur un an, mais stable ce trimestre. Ainsi, si le chômage baisse de 1,9 % toutes catégories confondues avec la fin des mesures confinant certains secteurs économiques, une tendance aux vases communiquant entre catégories se fait jour.

Autre chiffre qui confirme cette tendance : 63 % des 6,62 millions de nouvelles embauches le sont en contrat à durée déterminée de moins d’un mois. Ainsi, pour celles et ceux qui ne retrouveront pas immédiatement un travail après leur contrat court, les nouvelles règles de l’assurance chômage s’appliqueront durement.

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Auteur: Stéphane Ortega