Empoisonnés par leur travail, les anciens mineurs lorrains doivent encore se battre contre l'État

Dans une maison de ville aux murs défraîchis, à Freyming-Merlebach, au cœur de l’ancien bassin houiller mosellan, des retraités du syndicat de mineurs CFDT de Moselle reçoivent chaque mardi et jeudi matin d’anciens collègues, avant de conclure parfois sur un couscous à midi. Tous ou presque sont malades de leur travail passé. Des poumons bien sûr. Mais aussi de nombreux cancers : de la peau, des reins, de la vessie, du sang…

Dans les mines, les poussières de silice n’ont pas été les seules tueuses. L’amiante, les hydrocarbures aromatiques polycycliques et les solvants cancérogènes font encore des ravages. Si la reconnaissance de l’origine professionnelle des silicoses est acquise en France depuis 1945 – une reconnaissance déjà tardive pour l’époque –, pour les autres produits toxiques, 77 ans plus tard, c’est toujours compliqué.

À plus de 70 ans, les anciens mineurs de fond ont encore la force de se battre pour obtenir justice : devant le Tass, le tribunal des affaires de la Sécurité sociale, en appel, et jusqu’en cassation quand il le faut. Les murs des bureaux du syndicat sont recouverts de dossiers répertoriant les procédures en cours pour reconnaissance de maladies professionnelles ou pour faute inexcusable de l’employeur, les Charbonnages de France.

L’opposition quasi constante de l’État

En Lorraine, l’entreprise d’État a exploité la houille jusqu’en 2004, parfois à plus de mille mètres de fond. La fermeture du dernier puits, celui de La Houve en Moselle, a marqué du même coup la fin des mines de charbon en France. Une fois prononcée la liquidation judiciaire, la dernière génération de gueules noires a pris sa retraite, puis est tombée malade. Georges Karlié est l’un d’eux, assis derrière son bureau, dans le sous-sol de la permanence syndicale où les anciens mineurs viennent s’enquérir de l’avancement de leur dossier, déposer un document ou simplement bavarder.

Georges Karlié

« À la retraite, j’ai contracté un cancer de la peau, subi huit opérations à cause des huiles mécaniques auxquelles on était exposés toute la journée », raconte Georges Karlié, ancien mineur lorrain. « Devant les tribunaux, j’ai mis cinq ans pour réussir à faire reconnaître la faute des Charbonnages de France. »

© Benoît Collet

« À la retraite, j’ai contracté un cancer de la peau, subi huit opérations à cause des huiles mécaniques auxquelles on était exposés toute la journée. On en avait plein les mains et le visage, sans rien pour…

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Auteur: Benoît Collet