En Afghanistan, la pluie ne tombe plus, la famine guette

Kaboul et environs de Kandahar (Afghanistan), reportage

Sur les hauteurs de Kaboul, à l’ouest de la ville, une mosquée bleue se détache du paysage jaune safran des montagnes. Au pied du lieu de culte, dans le cimetière de Karte Sakhi, des petites silhouettes déambulent entre les tombes. Tous les jours, des dizaines d’enfants s’y donnent rendez-vous pour travailler comme porteurs d’eau : « Je viens depuis deux ans », affirme Mujghan, 9 ans. Avec ses petites mains couvertes de poussière, elle tient un pot rempli d’eau : « Je l’apporte aux gens qui veulent nettoyer la tombe de leurs proches. À chaque pierre tombale lavée, je gagne 10 afghanis (9 centimes d’euros), dit-elle. Les derniers mois, à cause de la crise, je viens très souvent pour aider ma famille. »

Perchée dans les faubourgs de la capitale, non loin du cimetière, la maison familiale de Mujghan est délabrée. Les huit membres de la famille Sayedi cohabitent dans 15 mètres carrés. Le père, Abdulsayed, travaille comme homme d’entretien dans une école publique. « Je n’ai pas été payé depuis l’arrivée des talibans », affirme-t-il. Chassés du pouvoir en 2001 par les États-Unis et une coalition internationale, les talibans dirigent à nouveau le pays depuis la chute de Kaboul, la capitale, en août dernier. À cause des sanctions internationales, l’État n’a désormais plus les moyens de rémunérer les employés de la fonction publique. Mais l’insécurité alimentaire n’est pas seulement due à ces sanctions. Depuis trois ans, divers rapports d’ONG et de médias présents sur place font état d’une crise alimentaire causée par la sècheresse dans les campagnes. Affamés, des milliers de personnes fuient les campagnes.

Muzghan, 9 ans, travaille dans le cimetière de Karte Sakhi à Kaboul. © Florient Zwein/Hans Lucas/Reporterre

Dans ce pays affaibli par plus de quarante ans de guerre, la situation humanitaire était déjà critique avant le retour du mouvement fondamentaliste : « L’Afghanistan est largement dépendant de l’aide internationale », selon la chercheuse en sciences politiques Jasmine Bhatia. Mais le retour de l’Émirat islamique a porté un coup fatal à cette économie fragile. L’été dernier, les États-Unis ont gelé les réserves de la Banque centrale afghane, qui s’élèvent à 9,5 milliards de dollars, soit la moitié du [PIB|produit intérieur brut] afghan, pour qu’elles ne tombent pas entre les mains des talibans. Le système bancaire s’est effondré et l’inflation a gagné le…

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Auteur: Inès Gil Reporterre