La réouverture de centrales à charbon Outre-Rhin est « amère, mais inévitable », considère l’ONG Greenpeace Allemagne. Une prise de position qui peut surprendre, alors que l’organisation écologiste est réputée pour son combat contre les énergies fossiles. Dans une interview qui n’est pas passée inaperçue, publiée le 29 août, l’expert en énergie de l’organisation, Karsten Smid, la justifie par la nécessité de « s’affranchir de la dépendance aux livraisons de gaz » en provenance de Russie.
Face à la polémique, Greenpeace France a assuré dans un communiqué qu’il ne s’agit « ni d’un soutien, ni d’un blanc-seing [aux centrales à charbon]. Greenpeace a toujours été et reste opposée aux énergies fossiles ». Arrêter de financer le régime de Poutine impose des « choix cornéliens, en raison du manque d’anticipation de différents gouvernements européens » poursuit l’ONG.
Depuis mi-juillet, un décret du gouvernement fédéral autorise les exploitants de centrales à charbon placées dans la « réserve de réseau » à produire. Deux sites alimentés en houille ont ainsi été reconnectés au réseau d’électricité allemand : la centrale de Mehrum, propriété du groupe tchèque EPH, et la centrale Heyden 4, détenue par Uniper. En Sarre, près de la frontière française, la compagnie Steag prévoit la remise en route des centrales de Quierschied et Bexbach, fermées depuis cinq ans, d’ici le 1er novembre.
Pallier les défaillances du parc nucléaire français
En réactivant les centrales à charbon, Berlin entend faire baisser la production d’électricité à partir de gaz et ainsi économiser, en vue de la saison froide, une énergie indispensable à l’industrie allemande et à la moitié des foyers pour se chauffer. Il s’agit également de pallier en partie les défaillances du parc nucléaire français : d’ordinaire exportatrice d’électricité, la France importe désormais massivement du courant produit par ses voisins. Depuis le début de l’année, l’Allemagne a déjà exporté près de 5 000 gigawatts/heure vers la France, contre un peu plus de 2 000 gigawatts/heure en moyenne par an de 2016 à 2020.
La stratégie de la coalition au pouvoir (composée des sociaux-démocrates du SPD, des écologistes et des libéraux-démocrates) a le soutien de l’opinion publique. Tout comme Greenpeace Allemagne, 56 % des Allemands sont favorables à un recours accru au charbon, selon un sondage ARD-DeutschlandTrend réalisé fin juin. Toutefois, 36 % s’y…
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Auteur: Reporterre