En Allemagne, les zadistes de Lützerath résistent toujours au charbon

Canons à eau, hélicoptères, police montée, brigades canines : c’est une opération de grande envergure que s’apprête à lancer la police allemande pour évacuer la zad de Lützerath, dans l’ouest du pays. Près de Cologne, Lützerath est devenu ces deux dernières années le symbole de la lutte anticharbon en Allemagne et en Europe. Jusqu’au bout, ses défenseurs ont espéré un mot, un geste des autorités pour sauver le hameau des appétits de RWE. L’énergéticien prévoit de le raser pour y étendre sa mine de charbon à ciel ouvert Garzweiler II.

Aujourd’hui, l’Allemagne semble bien prête à sacrifier « Lützi », comme l’appellent les militants. Depuis mardi matin, la police a l’autorisation de la justice d’évacuer le lieu, désormais propriété privée de RWE. Les préparatifs sont en cours afin que l’expulsion des cabanes des zadistes puisse commencer « mercredi ou les jours suivants », a annoncé lundi le chef de la police d’Aix-la-Chapelle, Dirk Weinspach, en conférence de presse. Si la police refuse de donner un chiffre précis, près de 1 500 policiers seraient mobilisés selon le site d’information Spiegel Online.

Tous les habitants de Lützerath ont été expropriés. Le dernier d’entre eux, l’agriculteur Eckardt Heukamp, est parti à l’automne. Sur ses anciens terrains, tout près des excavatrices, une centaine de zadistes ont construit des cabanes dans les arbres, depuis lesquelles ils entendent bien ralentir l’avancée des forces de l’ordre. D’après le groupe Lützerath lebt (en français, « Lützerath vit »), plusieurs centaines de militants sont arrivés ces derniers jours pour leur prêter main-forte. Des barricades ont été dressées, des fossés creusés pour empêcher l’accès des véhicules de police. « Nous espérons pouvoir tenir six semaines », a déclaré une porte-parole de Lützerath lebt au journal allemand Handelsblatt. Un objectif qui ne doit rien au hasard : Outre-Rhin, il est interdit de couper des arbres du 1er mars au 31 octobre. Si les zadistes parviennent à occuper les lieux jusqu’à fin février, ils feraient donc échouer les plans de RWE.

« Nous espérons pouvoir tenir six semaines »

La police s’attend à une « mission difficile et exigeante avec des risques considérables », a souligné Dirk Weinspach. Et en premier lieu, celui d’un glissement de terrain : la zad se situe à moins de 100 mètres de la mine, dont les abords ne sont pas consolidés. En outre, tout le monde sur place a en mémoire le drame de la zad de Hambach. En 2018, le vidéaste Steffen Meyn était mort à la suite d’une chute lors de l’évacuation de la forêt de Hambach, elle aussi menacée à l’époque de disparaître sous les…

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Auteur: Violette Bonnebas Reporterre