En Amazonie française, une zad contre une mégacentrale électrique

Guyane, reportage

« C’est la guerre ! La guerre pour sauver notre terre, notre mode de vie. » Ce samedi 29 octobre, Nasja Sergine ne décolère pas. Aux côtés de cette yopoto (cheffe coutumière autochtone) par intérim du village d’Organabo, Christina Koesjenpawjouran, elle aussi yopoto d’un village, résume : « Nous, les chefs coutumiers, on dit non depuis le début » à l’emplacement choisi pour la future centrale électrique de l’ouest guyanais (Ceog). Trois ans qu’ils luttent. Las, depuis le carbet commun — une habitation sans mur — du village amérindien de Prospérité, on entend le bruit des machines qui abattent les arbres, tout près du village.

Ici, à dix kilomètres de Saint-Laurent du Maroni, grande ville de presque 50 000 habitants de ce territoire français en pleine Amazonie, la boue, les troncs entassés et les pelleteuses abîment la forêt. C’est pourtant là que les Kali’na, l’un des six peuples amérindiens du territoire, chassent oiseaux et serpents, et pêchent l’aïmara, l’acoupa ou le jamaisgouté, des poissons de rivière locaux. L’installation de cette centrale va entraîner la déforestation de 78 hectares de forêt équatoriale dans l’enceinte du Parc naturel régional.

Hydrogène de France (HDF), société basée à Bordeaux, a prévu, avec le soutien des élus locaux et de l’État, de réaliser une « première mondiale », comme l’entreprise nous le précise par écrit. Soit, pour 90 millions d’euros sur vingt-cinq ans, une centrale hybride au stockage « massif », assurent ses promoteurs, de l’énergie grâce à de l’hydrogène. Concrètement, la centrale produira de l’électricité grâce à des panneaux photovoltaïques ce qui permettra d’obtenir de l’hydrogène ensuite « stocké sous pression dans des bouteilles adaptées », décrit-on sur le site de la Ceog.

Un projet « à l’impact écologique et environnemental minimal » qui, d’après HDF, « permettrait d’éviter l’émission de 39 000 tonnes de CO₂ par an en limitant l’importation de combustibles fossiles ». Roland Sjabere, yopoto de Prospérité, ne se prononce pas sur cette question et insiste : il n’est « pas contre » le projet, ne s’oppose pas au « développement » du pays. Son problème ? Le lieu choisi : « La Guyane est grande, pourquoi venir près des habitations ? »

Le chef coutumier comme ses soutiens — militants écologistes ou autres amérindiens — sait qu’il doit s’exprimer avec prudence dans une Guyane en demande…

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Auteur: Reporterre