En Argentine, les Mapuches affrontent la grosse artillerie des milliardaires de Rio Negro et l’État pour récupérer leurs terres

Forcés de vivre dans l’illégalité sur des terres qu’ils considèrent comme sacrées, les Mapuches s’organisent pour récupérer leur territoire, “Wallmapu”, qui s’étendait, avant les campagnes militaires dites de “conquête du désert” en Argentine (1878-1885), et de “pacification de l’Araucanie” au Chili (1861-1883), de l’Atlantique au Pacifique. Nous avons rencontré Betiana, actuellement incarcérée à Bariloche, dont la communauté tente de récupérer un territoire attenant au lac Mascardi, en Argentine. 

Avec son eau turquoise et sa vue imprenable sur les cimes enneigées de la Patagonie Argentine, le Lac Mascardi pourrait ressembler à un paysage de carte postale. Mais en 2017, il a été le théâtre de l’assassinat d’un jeune autochtone Mapuche, Rafael Nahuel, qui revendiquait le droit à s’installer avec sa famille sur une parcelle du parc national Nahuel Huapi, où se trouve le lac. 

Quelques jours avant sa mort, sa communauté avait annoncé procéder à la “récupération territoriale” de la zone en vertu de l’article 75 de la constitution argentine, qui reconnaît depuis 1994 “la préexistence ethnique et culturelle des peuples indigènes”, et reconnaît leur “droit à la propriété des terres occupées traditionnellement”.

Au terme de onze jours de négociations avec le gouvernement, un accord de principe avait été trouvé selon lequel la communauté de Rafael, les Lafken Winkul Mapu, pourraient vivre sur des terres que l’État leur donnerait à l’extérieur du parc. Le lendemain, 300 policiers procédaient à une violente expulsion du lieu, abattant Rafael de plusieurs balles dans le dos.

Pourquoi ni l’État, ni les milliardaires de la zone ne semblent disposés à céder aux revendications des Mapuche dans la province de Rio Negro ?

La réponse semble brutalement simple : riche en hydrocarbures et en minerais, la province où Rafael a été abattu est la cinquième région productrice de pétrole et sixième de gaz du pays.

Crédit : Javier Grosso

Les uns qui cultivent le coton (la marque italienne Benetton y produit, sur 900 000 ha, 10% de sa laine mondiale), les autres en privatisent les réserves naturelles pour leur jouissance personnelle (le milliardaire britannique Joe Lewis s’y est arrogé 7800 hectares en rachetant une société écran). L’État, enfin, défend ses prérogatives dans une région convoitée également par les Émirats Arabes Unis. Pas simple, pour les Mapuches, de faire face à de tels adversaires.

“Vous…

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Auteur: Nora Guelton