En Ariège, une marche contre la « destruction » de la nappe phréatique

Le Vernet (Ariège), reportage

À une cinquantaine de kilomètres de Toulouse, en basse Ariège, les exploitations agricoles ont laissé place à des collines de sable, de gravats et surtout à de vastes étendues d’eau. Les gravières, ces carrières exploitées pour extraire des granulats, pullulent à perte de vue dans la région.

Dimanche 6 novembre dans la matinée, sous le soleil ariégeois, des habitants de la région, des élus locaux, associations et exploitants agricoles ont marché ensemble depuis Vernet pour dénoncer cette situation.

« C’est une destruction irréversible de la nappe phréatique, déclare l’agriculteur Jean Suau, vice-président de l’Association pour la protection de la vallée de l’Ariège et de sa nappe phréatique (Aprova), originaire du village voisin. Les carriers creusent directement dans la nappe phréatique pour extraire du sable et du gravier, alors qu’on sait que la nappe est un filtre naturel pour l’eau. C’est un non-sens écologique de la détruire. » Les granulats, ces amas de sable et de graviers, sont ensuite principalement utilisés dans le secteur du bâtiment.

Une « mise à nue » de la nappe phréatique

Après des prises de parole et un pique-nique collectif, la centaine de personnes mobilisées a entamé une marche jusqu’à la grille de l’une des nombreuses gravières de la région. « On demande un moratoire sur l’exploitation des gravières, déclare au micro Agnès Leclerc, une militante écologiste. Les carriers ont l’autorisation d’exploiter les gravières jusqu’en 2039 sur 1 000 hectares de terres agricoles riches et productives, cela doit cesser. » Les contrats signés autorisent en effet les carriers à exploiter ces gravières pour trente ans, « une durée beaucoup trop longue », insistent les militants écologistes.

Jérôme Brosseron, président d’Apra le Chabot, une association qui défend les milieux aquatiques de la région, déplore « une mise à nue » de la nappe phréatique ariégeoise. « Une fois que la nappe est exploitée dans ces gravières, on estime qu’on perd 20 à 60 % de l’eau à cause de l’évaporation, c’est une catastrophe, estime l’activiste, d’autant plus que cela n’apporte strictement rien au territoire, on crée seulement 3 à 4 emplois par gravière. »

En fin d’après-midi, la foule s’est séparée, mais tous ont déjà prévu une prochaine mobilisation. « On ne lâchera pas, assure Jean Suau, qui cultive du maïs et de la luzerne dans la région. On ne peut plus produire…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre