En Australie, une « zad » aborigène pour empêcher une mine de charbon

Bassin de Galilée (Queensland, Australie), reportage

Le campement est modeste. Mais les abris faits de toiles et de bois résistent sans problème aux violents orages qui frappent le bassin de Galilée, dans l’État du Queensland, en cet automne. Il faut dire que depuis un an et trois mois, l’installation et les occupants tiennent bon. Et ce ne sont pas les éclairs et les fortes pluies qui vont les inquiéter. La menace vient d’ailleurs.

Sur ce terrain au cœur du bush australien, vivent depuis le 26 août 2021 plusieurs membres du peuple aborigène Wangan et Jagalingou. Leurs terres ancestrales sont menacées par l’un des projets d’extraction minière les plus polémiques en Australie ces dix dernières années : la mine de charbon de Carmichael. Parfois rejoints par des militants écologistes ou par d’autres membres de communautés aborigènes, ils occupent les lieux en permanence.

« Je préfère largement passer mon temps ici, dans le bush, que de vivre dans n’importe quelle autre ville », explique Natasha McAvoy, l’une des occupantes régulières des lieux, membre du peuple Wangan et Jagalingou.

Une partie du camp donne un accès direct à une biodiversité incroyable, caractéristique de l’arrière-pays australien. Autour des habitations de fortune ou des caravanes installées sur le site, s’aventurent parfois des groupes de kangourous. Et dans toute la brousse, se cachent des porcs-épics, des lézards et des serpents de toutes sortes, des émeus et même des dingos (chiens sauvages australiens). Le tout entouré de sources d’eau, d’arbres et de plantes comestibles « ou aux vertus médicinales », précise Natasha.

Mais de l’autre côté du camp, le paysage rappelle la raison qui a poussé Natasha, Coedie McAvoy et d’autres membres de la tribu aborigène Wangan et Jagalingou à réoccuper les terres de leurs ancêtres : derrière quelques arbres isolés, des montagnes de gravats ocres et grisâtres témoignent de l’extraction minière en cours.

Une bombe climatique

Malgré les protestations et les différents recours engagés devant les tribunaux par Adrian Burragubba, le père de Coedie McAvoy et l’un des dirigeants du peuple, la société indienne Adani a obtenu les accords nécessaires pour commencer à creuser, extraire le charbon de sa mine de Carmichael, et l’acheminer par voie ferrée jusqu’au port d’Abbott Point, au bord de la grande arrière de corail australienne.

Le projet, qui doit s’étendre sur 28 000 hectares, menace notamment les eaux souterraines et les différentes…

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Auteur: Léo Roussel Reporterre