En Belgique, être maraîcher « devient impossible » à cause des bouleversements climatiques

Dans la semaine du 14 juillet, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, la France et la Suisse ont connu des cumuls de pluie exceptionnels. Des inondations meurtrières ont endeuillé l’Allemagne et la Belgique, où les habitants, une semaine après, sont encore sous le choc, comme nous le racontons. En France aussi, la question de l’adaptation aux inondations se pose : il est urgent de repenser l’aménagement du territoire.


Bassenge (Belgique), reportage

« Cette année devait être celle de la première récolte des nouveaux cerisiers, mais la pluie a tout gâché. Les fruits se sont gorgés d’eau et ont éclaté. Tout est pourri », constate Martine Blaffart, une jeune maraîchère liégeoise de 33 ans, l’air dépité, alors qu’elle nous fait visiter ses parcelles.

Après un burnout il y a trois ans, Martine a décidé de « retourner à la terre » en ajoutant une parcelle de maraîchage à la petite entreprise agricole de ses parents à Bassenge, une commune de 9 000 habitants au nord de la province de Liège, à moins d’une demi-heure de la frontière avec les Pays-Bas. Mais la semaine dernière, son rêve de répit a tourné au cauchemar. Pendant trois longues journées, un déluge d’eau s’est abattu sur la Belgique, affectant tout particulièrement la région liégeoise. « L’équivalent d’un mois de pluie est tombé… On ne pouvait rien faire, on était complètement impuissants, il y avait des torrents d’eau et de la boue partout », se rappelle-t-elle. Les quelques groseilles qui ne sont pas tombées sous la puissance des intempéries ne sont plus bonnes qu’à faire de la confiture. Du doigt, Martine nous montre des petites taches brunes qui recouvrent les feuilles des concombres : « C’est le mildiou », un champignon qui surgit avec l’humidité. « Les concombres sont immangeables, je ne peux rien faire avec ça… Ils vont finir à la poubelle. »

Martine a encore du mal à estimer ses pertes. « Autour de 80 % des cerises, 50 % des concombres et 50 % des groseilles. » En revanche, la néomaraîchère a une certitude : c’est elle qui se chargera de les essuyer car, à l’instar de la plupart des maraîchers belges, Martine n’a pas assuré ses cultures : « C’était hors de prix, il fallait mieux perdre la récolte qu’assurer. Heureusement, je peux compter sur le salaire de mon mari qui travaille en tant que manager dans une entreprise. On fera un peu plus attention, mais on ne sera pas dans la misère comme beaucoup d’autres maraîchers qui sont souvent…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Anne-Dominique Correa Reporterre