En Bretagne, des journalistes enquêtant sur l'agro-industrie sont victimes d'actes dangereux

2 avril 2021 à 18h24,
Mis à jour le 2 avril 2021 à 19h07

Durée de lecture : 5 minutes

Libertés

Les intimidations à l’encontre des journalistes qui enquêtent sur l’industrie agroalimentaire bretonne continuent. Mercredi 31 mars, la journaliste de la radio associative bilingue franco-bretonne Radio Kreiz Breizh, Morgan Large, installée à Glomel (Côtes-d’Armor), a découvert que deux boulons fixant une des roues arrière de son véhicule avaient été retirés. « J’ai réalisé que ça faisait sans doute trois jours que je roulais comme ça, parce que j’avais entendu du bruit dans la nuit de dimanche à lundi, raconte-t-elle à Reporterre, encore sous le choc. Aujourd’hui, j’ai dû rouler à nouveau, j’étais à 80 km/h sur la quatre voies avec des nausées. Quelle sera la prochaine étape, va-t-on incendier ma maison pendant que je dors ? »

Selon la journaliste, cet acte de malveillance est directement lié à ses investigations sur le secteur agro-industriel breton. Depuis vingt ans qu’elle travaille sur ces sujets, à Radio Kreiz Breizh et comme journaliste indépendante, les coups de pression se succèdent. « Il y a un peu plus de dix ans, j’avais consacré une émission à un projet de porcherie de 800 mères — ce qui est énorme — dans une petite commune. Le maire de cette dernière m’a appelée pendant le direct pour me dire qu’il nous retirait ses subventions », se souvient-elle.

La journaliste poursuit : « Lorsque j’étais élue dans mon village, il est arrivé que notre radio perde des subventions suite à certaines de mes déclarations. Récemment, dans le cadre d’une enquête, j’ai appelé une grande coopérative agricole. Mon interlocuteur a commencé à me dire qu’il ne m’avait pas sollicitée pour faire un article sur le groupe puis, quand je lui ai indiqué que j’écrirai qu’il ne voulait pas s’exprimer, il m’a répondu que je le manipulais et qu’il allait porter plainte. »

Ces attitudes laissent la journaliste indignée et incrédule : « Je suis fille d’agriculteur, j’ai suivi une formation agricole exprès pour être légitime sur ces sujets. Et même si nous sommes une radio associative sur un petit territoire, nous ne sommes pas un sous-média. Mais on est face à un système qui a un peu oublié ce que sont la démocratie et la liberté de la presse. »

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Auteur: Émilie Massemin (Reporterre) Reporterre