En Bretagne, des maraîchers véganes au royaume de l'élevage intensif

Cultiver sans exploitation animale, c’est possible. Vous lisez la deuxième partie de notre série sur l’agriculture végane, la suite paraîtra demain.


Sizun, Le Tréhou (Finistère), reportage

Au fin fond de la Bretagne, région réputée pour l’élevage intensif, une ferme végane de 12 hectares a miraculeusement vu le jour. Située entre les communes de Sizun et Le Tréhou, cette exploitation maraîchère se trouve à la frontière du parc national d’Armorique, dans le département du Finistère. Voilà maintenant douze ans qu’Aurélien Fercot et Bao Fernandes, son associée, s’y sont installés en maraîchage végane et bio.

Issu d’une famille qu’il qualifie lui-même de « néo-hippie », Aurélien aime raconter qu’il est « né végétarien ». Bao, elle, est d’origine indienne : un pays où la culture végétarienne est très ancrée. Le pas vers le véganisme n’a donc pas été difficile à franchir pour les deux maraîchers. Le véritable défi consistait davantage à changer de modèle agricole, en se lançant dans une production vivrière, sans aucun intrant animal.

Du broyat végétal pour remplacer le fumier

L’une des premières choses à faire : se passer d’engrais animal, comme le lisier ou le fumier, très répandus en Bretagne. À l’entrée de la ferme, trône justement un imposant tas sombre, d’où s’échappent une fumée blanche et une forte odeur de décomposition : « Ce n’est pas du fumier, nous assure Aurélien, c’est du broyat végétal : un compost uniquement constitué de déchets verts, sortis de la déchèterie de Sizun. » Bao plonge une main dans le tas de compost fumant : « C’est le b.a.-ba de l’agriculture végane », affirme-t-elle.

Dans ce compost, il n’y a aucun élément d’origine animale : pas de lisier, pas de boucherie, que du végétal fraîchement broyé. Selon Aurélien, ce « broyat frais » a un effet structurant pour le sol : les bactéries et les champignons vont venir autour des morceaux de végétaux en décomposition, ce qui va ensuite enrichir le sol. « C’est un peu provoc’ pour des véganes, mais on aime bien dire que l’on est “éleveurs de la vie du sol”. On se décharge de l’élevage dans le sens où l’on n’est pas dépendants du bétail, mais par contre on est complètement dépendants des animaux. »

Cette technique du broyat végétal est inspirée d’une méthode appelée le maraîchage sur sol vivant (MSV). Elle permet de nourrir le sol et de l’enrichir sur le long terme, contrairement au fumier ou au lisier, qui ont surtout un effet d’engrais. Malgré tout, Aurélien et Bao reconnaissent que les rendements sont moins bons qu’avec un engrais animal : « On a fait le choix conscient de perdre un…

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Auteur: Scandola Graziani Reporterre