En réalité, les problèmes de Morgan ne datent pas d’hier. Ils remontent à la diffusion en novembre dernier d’un reportage sur France 5, intitulé « Bretagne, une terre sacrifiée » et portant sur les méfaits de l’agriculture intensive. Interviewée, la journaliste y dénonce le problème des rejets toxiques, des algues vertes, des maladies professionnelles, des épidémies mortelles chez les animaux, ou encore, le fait qu’en Bretagne, « on fasse du lait, du poulet ou du cochon qui soient exactement les mêmes qu’en Chine, en Ukraine ou au Brésil ».
Le soir même, la journaliste est ciblée par la FNSEA qui, dans un tweet défendant les « élevages familiaux en Bretagne », dévoile une photo de son visage (supprimée depuis). Les jours suivants, la journaliste reçoit des appels nocturnes anonymes sur son téléphone fixe ainsi que des messages d’injures sur les réseaux sociaux. Au même moment, les locaux de sa radio sont dégradés. En décembre, la clôture de son champ est défoncée (laissant ainsi ses chevaux divaguer en liberté), puis son chien est empoisonné (« pendant trois jours il ne bougeait plus, le vétérinaire parlait d’intoxication »). Jusqu’à l’épisode de mars dernier où, après avoir été réveillée en pleine nuit par les aboiements de son chien (et entendu un téléphone portable sonner à l’extérieur), elle constate le déboulonnement de sa roue de voiture quelques jours plus tard.
Morgan Large n’est pas la seule victime de ces agissements. La même semaine à Glomel (toujours en Bretagne), une journaliste allemande (venue travailler sur les questions écologiques dans le cadre des prochaines élections régionales en Bretagne) est insultée, bousculée et suivie jusque chez elle par un agriculteur. L’affaire est rapportée par Sylvain Ernault (membre du membre du Syndicat National des Journalistes et du récent média d’investigation Splann !), lequel ajoute une autre information intéressante : « La journaliste allemande a ensuite été obligée, par un agriculteur venu à son gîte entouré de deux gendarmes, d’effacer son enregistrement ». Des gendarmes à la solde des agriculteurs ? Merci Demeter.
Autre cas emblématique, celui d’Inès Leraud. Inès débarque en Bretagne en 2014, principalement pour enquêter sur l’affaire Triskalia (salariés de l’agro-alimentaire gravement intoxiqués par des pesticides en 2009). Sur le terrain, elle raconte se faire « parfois agresser verbalement et menacer physiquement par des agriculteurs ». En 2019, elle publie « Algues vertes, l’histoire…
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Auteur: Jérôme HENRIQUES Le grand soir