En Bretagne, un éleveur de cochons persécuté par l'agro-industrie

Lanvellec (Côtes-d’Armor), reportage

Il y a quelque chose du village d’Astérix dans cette histoire. Dans les Côtes-d’Armor, cernés par des fermes porcines d’au minimum 500 têtes, Antoine Raoul et ses quatre-vingts animaux détonnent. Deux visions de l’agriculture ne cohabitent plus et le paysan de 63 ans est accablé par les affaires et les menaces. Sept procédures judiciaires en comptant les appels, des milliers d’euros d’amende, une condamnation à quatre mois de prison avec sursis, des bêtes abattues par les autorités, plusieurs passages à la gendarmerie de Plouaret — ainsi qu’à l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage qui a fusionné avec l’Agence française pour la biodiversité) — ont plongé l’éleveur dans une grande précarité financière et mis une dure pression sur lui et sa famille. Ce qu’on lui reproche ? Ses cochons élevés en plein air intégral pourraient diffuser la peste porcine, selon les gros exploitants du coin. Une accusation qu’il récuse.

Il nous reçoit chez lui, entouré de sa famille et parle avec une grande sensibilité de ses animaux, qui se nourrissent de ce qu’ils trouvent sur les 32 hectares de la ferme — avec un complément de céréales bio et des sous-produits d’une fromagerie voisine.

« En 2014, j’ai flashé sur une race de cochons noirs à poil long, maintenant je le regrette presque, sourit quand même Antoine Raoul. Il y a quelques années, un gentil voisin m’a proposé un peu de terrain supplémentaire avec une source pour y mettre mes cochons. Un jour de février 2016, j’y ai trouvé un sanglier qui s’est révélé être de plus en plus amical avec l’Homme et mes bêtes, avec à la clé quatre-vingt petits quelques mois plus tard ! Je les ai sevrés et rentrés pour les élever en bâtiment. J’ai envoyé certains d’entre eux à l’abattoir pendant dix-huit mois sans problème jusqu’à un matin de juillet 2018. Neuf agents de l’État sont venus chez moi, dont quatre en uniforme. »

« J’ai flashé sur cette race de cochons noirs à poil long. » © Guy Pichard / Reporterre

Débute alors pour l’éleveur breton, en activité depuis 1987, une longue et lourde série judiciaire, qui s’apparente clairement à un acharnement selon son avocat. « Plusieurs choses lui sont reprochées, notamment la divagation, quelques destructions imputées à ses bêtes, et l’hybridation », nous explique Maître Jérôme Bouquet-Elkaim, son avocat. De décembre 2019 jusqu’à une condamnation en avril 2022, l’éleveur a…

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Auteur: Guy Pichard Reporterre