En Californie, le drame des puits asséchés et contaminés

Compté de Tulare, Californie (États-Unis), reportage

Ivan Rubio roule depuis près de trois heures, dans une vallée qui ressemble à un étrange damier, divisée entre le vert profond des terres irriguées et le jaune terne des parcelles au sol craquelé par la sécheresse. Des nuages de poussière se forment régulièrement à l’horizon, qui s’élèvent en de hautes colonnes et viennent lui gifler le pare-brise. Cet employé de l’organisation à but non lucratif Self-Help Enterprises, forte carrure et air affable, est à la fois porteur d’eau et porteur de mauvaises nouvelles. En cette matinée d’août, le technicien se rend à Hughson, une petite ville agricole de la vallée de San Joaquin, en Californie, pour répondre à l’appel inquiet d’une famille qui s’étonne de ne voir qu’un filet d’eau sableuse sortir de leurs robinets.

Il suffit de quelques minutes pour que le sondeur donne son verdict : le puits de 30 mètres sur lequel la famille compte depuis plus de vingt ans est à sec pour la première fois. La maison n’étant pas reliée à l’eau courante, comme c’est souvent le cas dans la région, il faut actionner le plan dont Ivan Rubio est désormais coutumier : déposer sur le perron des bonbonnes d’eau potable, organiser l’installation d’un réservoir d’urgence et évaluer la possibilité d’approfondir le puits d’une vingtaine de mètres. « Une solution qui fera gagner au plus quelques années, reconnaît-il. Mais à ce stade, notre préoccupation est de bricoler pour que ces familles tiennent l’été. »

Des orangers arrachés près de Ivanhoe, dans le comté de Tulare dans la vallée agricole de San Joaquin en Californie, aux États-Unis, le 3 août 2022. ©Laure Andrillon / Reporterre

Près des trois-quarts de la Californie sont dans un état de sécheresse extrême ou exceptionnelle, selon le département étasunien de l’Agriculture. Dans la vallée de San Joaquin, située à l’intérieur des terres entre San Francisco et Los Angeles, et où sont produits plus de la moitié des fruits et légumes des États-Unis, la situation est alarmante. Les agriculteurs sont poussés à laisser leurs terres en jachère faute de pouvoir irriguer, et les habitants, eux, manquent d’eau pour leurs besoins quotidiens.

« Notre activité a augmenté de presque 400 % par rapport à l’année dernière, qui était déjà une année de sécheresse historique, explique Tami McVay, en charge du dispositif d’urgence de Self-Help Enterprises. Il y a près de deux fois plus de puits asséchés par…

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Auteur: Reporterre