En Charente-Maritime, des mégabassines construites illégalement

En fin d’après-midi, samedi 6 novembre, des dizaines de personnes se sont attelées à mettre hors d’état de marche une mégabassine charentaise. Beaucoup de ces opposants à ces immenses réserves d’eau utiles à l’agro-industrie ignoraient qu’ils s’attaquaient à un ouvrage condamné par la justice. Autrement dit, à une bassine qui n’aurait pas dû exister. Plus précisément, les arrêtés préfectoraux qui ont permis son exploitation ont été annulés par la justice. L’un des agriculteurs propriétaires de cette bassine avait donc beau jeu de crier au scandale : « C’est inadmissible, il faut que ces gens payent, dénonçait-il devant les caméras de France 3, annonçant que des syndicats agricoles allaient porter plainte pour « dégradations volontaires »

Comment une piscine de 8 à 10 hectares a-t-elle pu être construite en toute illégalité ? Reporterre retrace cette histoire tumultueuse, révélatrice des manœuvres et des manquements qui entourent bien souvent la construction de telles réserves : passage en force, déni de justice, manque d’information…

Guerre de l’eau : « La violence et l’illégalité se situent du côté de l’agro-industrie »

Tout a commencé en 1998. Une dizaine d’agriculteurs – pour la plupart cultivateurs de maïs – s’étaient réunis au sein de l’association syndicale autorisée d’irrigation (Asai) des Roches en vue de créer cinq retenues d’eau sur les communes de Cramchaban, La Grève-sur-le-Mignon et La Laigne, en Charente-Maritime. Leur objectif, comme dans les Deux-Sèvres voisines : créer des réserves de substitution, qui pomperaient l’eau de la nappe en hiver afin de la stocker et de l’utiliser en été. Après plusieurs années, les maïsiculteurs ont fini par obtenir, en 2008, le feu vert de la préfecture. Un arrêté préfectoral aussitôt attaqué par l’association Nature Environnement 17. « Ces bassines étaient les premières du département, on craignait qu’elles ouvrent les voies à de nombreux autres projets, se rappelle Patrick Picaud, membre de l’association. Surtout, leur dossier était très mal fichu : il n’y avait pas de prise en compte des espèces protégées potentiellement impactées, ni de l’assèchement possible des cours d’eau. » Sans attendre le résultat du recours, les agriculteurs ont tout de même construit leurs réserves, avec près de 6 millions d’euros d’aides publiques. Fin décembre 2009, le tribunal donnait — trop tard — raison aux écologistes et annulait l’arrêté…

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Auteur: Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre