En Charente, vingt ans de lutte contre les mégabassines

Angoulême (Charente), correspondance

La contestation s’annonce intense. Dès le 25 mars, une nouvelle mobilisation est prévue contre les mégabassines. Le lieu ? Dans les Deux-Sèvres, en Nouvelle-Aquitaine, où tout s’est embrasé en octobre dernier. Près de 7 000 personnes s’étaient rassemblées à Sainte-Soline pour dénoncer l’« accaparement de l’eau » incarné dans ces projets de retenues d’eau géantes. Ce territoire, et de nombreux habitants de toute sa région, sont des opposants de longue date aux mégabassines : celles construites dans le nord de la Charente suscitent la controverse depuis deux décennies. Dernière preuve en date : le sabotage d’une mégabassine de Les Gours, revendiqué le 21 mars.

Cela fait plus de vingt ans que les opposants dénoncent ces réservoirs. La première fois, « c’était en novembre 2002 ». Agnès Baudrillart n’a pas oublié cette date. « José Bové était venu prononcer un discours dénonçant les réserves de substitution, qu’il a appelées “bassines”. Le terme est resté depuis », précise la présidente de l’Association pour la protection et l’avenir du patrimoine en Pays d’Aigre (Apappa).

Sur ce territoire situé à l’ouest de Ruffec, en Charente, quatorze mégabassines ont vu le jour au cours des années 2000. Ces réserves de substitution stockent sur plusieurs hectares de l’eau puisée dans les nappes phréatiques pour servir aux agriculteurs. La mobilisation d’alors n’a fait que s’amplifier.

Un passage en force

En 2004, l’Apappa a ainsi débuté des recours juridiques contre celles d’Aigre, Mons, Les Gours et Tusson. L’association dénonçait ainsi une pratique « agressive » au service de l’agriculture industrielle, menaçant d’assécher les rivières et les nappes phréatiques. Trois ans plus tard, des agriculteurs irrigants de la FNSEA, le syndicat majoritaire, ont organisé des actions punitives à l’encontre des membres de l’Apappa, en répandant du fumier devant leurs habitations et dans leurs boîtes aux lettres. Moins médiatisés qu’aujourd’hui, les opposants ne sont pas parvenus à faire entendre leurs arguments.

Au contraire, les tensions se sont accentuées. En 2021, la construction de neuf nouvelles mégabassines a été annoncée au bénéfice de 14 irrigants, dont 2 déjà reliés à des bassines existantes. Les autorisations d’exploiter ont été accordées, mais le rapport de force a été différent cette fois-ci. En réaction, quatre associations locales, dont l’Apappa, ont fondé le collectif Bassines non merci Aume Couture, tiré du nom de deux rivières charentaises.

Ce dernier a depuis procédé à de nouveaux recours contre les neuf autorisations d’exploiter, toujours en…

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Auteur: Reporterre