C’était la réforme de trop. Dans un pays où la pauvreté a explosé pendant la pandémie au point d’atteindre près de la moitié de la population, le gouvernement d’Iván Duque a choisi d’attiser les braises. Son projet de réforme fiscale comprenait, entre autres, une augmentation de la TVA à 19 % et une imposition élargie au sein de la population. Une véritable claque pour les classes moyennes et populaires, sommées par le ministre des Finances d’accepter cette régression. Mais la rue colombienne a eu raison du ministre et de son projet.
À partir du 28 avril, les Colombiens ont défilé massivement à l’appel des organisations syndicales, sociales et politiques. De nombreux jeunes gens, comme subitement sortis du marasme imposé par la pandémie, ont ravivé l’esprit de la grève nationale de fin 2019 en balayant les injonctions à manifester depuis chez eux.
Mais dès la nuit, des nouvelles inquiétantes arrivent de Cali, à l’ouest du pays. « On tire sur des gens ! », « ils l’ont tué ! Ils l’ont tué ! », entend-t-on hurler dans les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux. La mobilisation se poursuit, s’étend à d’autres villes. Et tandis que l’on dénombre de nouvelles victimes, l’ex-président droitier Alvaro Uribe Velez tweete sur le « droit des soldats et des policiers à utiliser leurs armes pour défendre leur intégrité et défendre les personnes et les biens de l’action criminelle du terrorisme ». Rien de moins qu’une incitation à la bavure, d’autant que le gouvernement et ses alliés jouent largement sur le spectre des « terroristes », d’après eux à l’origine des violences.
Les morts de la répression s’accumulent
Une semaine après le déclenchement de la crise sociale, l’ONG Temblores déplore 31 civils tués du fait de la police. Tous les soirs, les casseroles retentissent depuis les fenêtres, des places emblématiques sont investies. La réforme fiscale parait déjà loin. En ville ou dans les campagnes, on proteste contre la mort et pour la dignité. Comme 8 mois auparavant, des postes de police sont pris pour cibles et comme il y a 8 mois, la réponse des forces de l’ordre inquiète.
Car le mouvement de la fin de l’été dernier est révélateur de la violence et de l’impunité policières. Le 8 septembre 2020, Javier Ordóñez s’accroche avec deux agents qui finissent par l’arrêter et le conduire à un poste de police local, un « centre d’attention au citoyen » (CAI). Il n’en ressortira jamais vivant. Dans les quelques…
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Auteur: Le Média