En Corse, un fleuve menacé par un projet de stockage de déchets

Bastia (Corse), correspondance

« Le fleuve Tavignanu est une entité vivante et indivisible de sa source jusqu’à son embouchure […] et dispose de la personnalité juridique. » Ainsi commence la déclaration des droits du Tavignanu, le deuxième plus long fleuve de Corse qui prend sa source à plus de 1 700 mètres d’altitude pour se jeter presque 90 kilomètres plus loin dans la mer, à proximité de la ville d’Aléria (Haute-Corse). Cette déclaration, la première concernant un fleuve en France, a été imaginée comme le dernier rempart contre un projet de centre d’enfouissement de déchets dans un méandre du Tavignanu, sur la commune de Giuncaggio (Haute-Corse).

Depuis 2016, le collectif de riverains Tavignanu Vivu (« Tavignanu vivant ») se bat pour empêcher la création de ce centre, qui pourrait accueillir 80 000 tonnes de déchets ménagers par an et 120 000 tonnes de déchets amiantifères issus des chantiers de la région bastiaise, où l’amiante est naturellement présent dans les sols.

« Nous avons rencontré Valérie Cabanes [juriste internationale militante pour la reconnaissance des droits de la nature] et l’idée est venue de rédiger une charte pour le Tavignanu », disent à Reporterre les membres du collectif, qui l’ont corédigée avec Umani et Terres de liens Corsica-Terra di u Cumunu. L’association Notre affaire à tous, engagée depuis 2018 dans la lutte juridique pour l’environnement et partie prenante de L’Affaire du siècle, dans laquelle l’État français a été condamné pour son inaction climatique, a également prêté main forte au collectif corse : « Cette déclaration est une réponse au cadre judiciaire actuel qui autorise la pollution d’un écosystème pourtant essentiel au maintien et au fonctionnement de la vie dans la région », estime Marine Yzquierdo, qui a coordonné la rédaction de la déclaration des droits du Tavignanu.

Si celle-ci n’est encore qu’un engagement moral pour ses signataires, elle pourrait ouvrir la voie à un référendum local sur le statut du fleuve et permettre à ses représentants légaux d’agir en justice pour défendre ses droits à exister, remplir ses fonctions écologiques et ne pas être pollué.

Vue sur le site de Giuncaggio. © Audrey Chauvet/Reporterre

Pollution et glissements de terrain

Pascale et Catherine Bona pourraient être ces gardiennes du Tavignanu. Piliers du collectif Tavignanu Vivu, les deux sœurs habitent à quelques centaines de mètres du site choisi par le porteur de projet, la société Oriente…

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Auteur: Audrey Chauvet Reporterre