En Essonne, des forestiers « écoutent » les chauves-souris pour les protéger

Brunoy (Essonne), reportage

Le soleil déclinant nappe la cime des chênes d’éclats orangés. Une odeur de mousse humide enveloppe la forêt fraîchissante. À 20 heures passées, seuls quelques joggers s’aventurent encore dans les allées sableuses de la forêt de Sénart (Essonne), au sud-est de l’Île-de-France. Les humains se terrent. Le concert nocturne des chauves-souris peut commencer.

Lampe frontale vissée sur le crâne, Alexandre Butin, spécialiste des mammifères volants au sein de l’Office national des forêts (ONF), installe son matériel sur les rives d’une mare : une chaise de camping, une tablette, un casque audio, et surtout un micro, capable de capter et « traduire » les ultrasons émis par les chauves-souris à des fréquences inaudibles pour l’oreille humaine.

Une longue nuit de travail attend le forestier. Avec trois de ses collègues, le quarantenaire au sourire facile et au regard malicieux réalise un inventaire des populations locales. L’objectif : identifier les endroits de la forêt où les chauves-souris se sont établies, afin de mieux les préserver. Dans les lieux les plus fréquentés, ils peuvent par exemple décider de conserver davantage d’arbres fendillés, où les chiroptères aiment se réfugier, voire mettre en place des « îlots » intouchés par l’être humain.

Le forestier Alexandre Butin et son équipe avant de partir écouter les chauves-souris. ©Mathieu Génon / Reporterre

À la fin de l’été, les chauves-souris se regroupent sur des sites de « swarming », des sortes de gigantesques boîtes de nuit dédiées à la recherche de partenaires sexuels. « Les chauves-souris ont des mœurs très libres », sourit Alexandre Butin. La période est propice à l’enregistrement de cris sociaux. En une nuit, le forestier doit réaliser dix « points d’écoute » : une fois le soleil couché, il enregistre pendant dix minutes le paysage sonore de dix recoins de la forêt. Des traces de peinture phosphorescente sur les arbres lui permettent de se repérer. « Si on se débrouille bien, on est rentrés chez nous à 1 h 30 du matin. » Ses enregistrements sont ensuite ralentis (ce qui permet de diminuer la fréquence des sons émis par les chauves-souris) et analysés grâce à un logiciel. « Ça nous permet de comprendre leur langage, de savoir à quels endroits elles paradent, où elles chassent… »

Leur périmètre d’étude. ©Mathieu Génon / Reporterre

« Ça, c’est une pipistrelle »

Les ultrasons traqués par Alexandre Butin et ses collègues…

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Auteur: Hortense Chauvin Reporterre