En fondant, les tourbières gelées vont libérer des tonnes de carbone

Il y a quelques jours, une étude montrait que l’Amazonie se rapprochait dangereusement de son « point de bascule », à partir duquel elle pourrait se transformer en savane. Une étude publiée le 14 mars dans la revue Nature Climate Change s’attarde sur un autre écosystème vulnérable : les « tourbières à pergélisol ». Ces zones humides gelées tout au long de l’année, que l’on retrouve notamment en Suède, en Finlande, en Norvège et en Sibérie, pourraient elles aussi atteindre rapidement leur point de rupture. Leur dégel, qui devrait s’amorcer dans le nord de l’Europe d’ici une vingtaine d’années, risque de relâcher des milliards de tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs de l’Université de Leeds ont utilisé un modèle statistique. Ce dernier leur a permis de définir où se situent les aires propices à la présence de tourbières à pergélisol, et comment leur répartition pourrait évoluer en fonction de la trajectoire de nos émissions de gaz à effet de serre. Quatre scénarios ont été étudiés. Le plus optimiste (SSP 2.6) table sur une réduction très forte de nos émissions. Le plus pessimiste (SSP 8.5), le « scénario du pire », décrit ce qui pourrait advenir si nos émissions continuent d’augmenter au rythme actuel.

© Gaëlle Sutton/Reporterre

Quelle que soit la trajectoire de nos émissions de gaz à effet de serre, le climat du nord de l’Europe ne sera plus adapté à la présence de tourbières à pergélisol d’ici 2040, alertent les chercheurs. « Dans les quatre scénarios, la Finlande, la Suède et la Norvège devraient devenir trop chaudes et trop humides pour que le pergélisol puisse rester gelé, explique à Reporterre Richard Fewster, doctorant en géographie à l’Université de Leeds et co-auteur de cette étude. Nous montrons que ce basculement devrait arriver très rapidement, même en cas d’atténuation très forte du changement climatique. »

Le carbone est aujourd’hui piégé dans la glace

Une lueur d’espoir : les tourbières gelées de l’ouest de la Sibérie, qui contiennent beaucoup de carbone, pourraient être sauvées si nos émissions de gaz à effet de serre déclinent drastiquement. « Si nos émissions continuent d’augmenter au rythme actuel, la quasi-totalité des tourbières à pergélisol pourrait disparaître de cette région d’ici 2060, poursuit le géographe. La tendance est similaire en cas d’efforts d’atténuation modérés. Seule une atténuation forte du…

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Auteur: Hortense Chauvin (Reporterre) Reporterre