En France, le racisme se nourrit des paniques sur l’islam

L’acteur franco-sénégalais Omar Sy a récemment critiqué la politique de deux poids deux mesures de la France qui accueille les Ukrainiens tout en rejetant ou en stigmatisant les migrants et les réfugiés venus d’ailleurs. L’universitaire Foued Nasri, dont les recherches portent sur les mobilisations et le racisme en France, nous donne son point de vue sur les causes de cette situation.

Comment le racisme se manifeste-t-il dans la société française?

Depuis les années 1920, le racisme désigne une hostilité motivée par l’appartenance raciale, ethnique et/ou religieuse qui se matérialise, dans les interactions quotidiennes et au sein de l’espace public, par des préjugés, de la stigmatisation, des discriminations et potentiellement de la violence.

Entre les années 1960 et 1970, le racisme n’est plus nécessairement associé à des circonstances exceptionnelles (guerres) ou des législations spécifiques (code de l’indigénat, etc.). Il se manifeste plutôt dans les préjugés, les discriminations et les violences commises par des citoyens ordinaires.

Ainsi, Rachida Brahim recense 731 actes racistes entre 1970 et 1997 causant 353 morts et 610 blessés. Au-delà des faits divers visibles et remarquables, les discriminations constituent la modalité du racisme la plus courante. Elles désignent un traitement inégal à raison d’un critère (appartenance ethnique et/ou religieuse, couleur de peau, etc.) dans l’accès à des biens rares (logement, emploi, etc.) et les interactions avec certaines institutions.

Depuis les années 2000, la multiplication des déclarations d’acteurs publics (hommes politiques , intellectuels, journalistes), la circulation de « théories » racistes (« le grand remplacement ») et l’omniprésence de représentants de l’extrême-droite dans les médias dominants confirment la banalisation du racisme. Ces déclarations publiques, quelques fois condamnées par la justice, associent les minorités ethno-raciales à certains problèmes publics comme l’insécurité.

Pourtant, elles ne se résument pas à des outrances ponctuelles, au contraire, la rhétorique de la transgression recouvre une stratégie politique et médiatique visant à s’affirmer. La banalisation du racisme met en exergue un paradoxe : selon les sondages de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, en 2022, seuls 15 % des Français interrogés se disent “plutôt racistes” (40% en 2020).
Pourtant, les…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Foued Nasri, Chercheur, Université Jean Monnet, Saint-Étienne