En Guadeloupe, « Mélenchon avait compris notre détresse »

Guadeloupe, reportage

Il est 17 heures à peine, en ce début de semaine, lorsque les premiers bancs de la place de l’Église sont pris d’assaut, à Moule (Guadeloupe). Les discussions s’enflamment autour des résultats de dimanche 10 avril, et de « l’énorme score » de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, LFI) en Guadeloupe, passé de 24,13 % en 2017 à 56,16 % lors de ce premier tour de la présidentielle.

Parmi les seniors de la place, Elie Sami, 60 ans, reste debout, adossé à sa camionnette. On lui demande dans quelle commune il a voté. « Jean-Luc Mélenchon », s’exclame-t-il aussitôt, avec un sourire et une expression de joie tels qu’on n’ose le reprendre ni l’interrompre. « Je suis plombier, je vais chez les gens et j’y vois la misère grimper depuis cinq ans. Je visite des papys et des mamies seuls, sans aide, dont personne ne parle », abonde Elie.

Elie Sami, 60 ans, adossé à sa camionnette. Pour lui comme pour beaucoup d’autres, le choix a été vite vu : « Jean-Luc Mélenchon. »

Dans L’Union populaire, il a trouvé des valeurs chères à son île : la solidarité, la fraternité. Il a lu le programme, assure-t-il, alors qu’avant il votait « à la tête » : « Chirac, je le trouvais charismatique. Macron aussi, mais j’aurais dû mieux me renseigner, il nous a bien baratinés », regrette le sexagénaire.

À ses côtés, Rudy Manin, 50 ans, a l’impression que les Guadeloupéens « ont voté davantage en conscience qu’avant » : « Même mes deux nièces, pourtant jeunes de 18 et 22 ans, ont lu tous les programmes. Je vous laisse deviner lequel elles ont préféré », dit-il en clignant d’un œil.

« Des propositions qui répondent à notre détresse »

Les voici justement qui s’emparent de la place, les jeunes. Ils entament un basket, se chamaillent et rient. Ruddy Galipo, la trentaine, est ingénieur. Il a particulièrement apprécié « la volonté de relocaliser la production alimentaire, d’atteindre l’autonomie énergétique grâce aux énergies renouvelables », mais aussi « le contrôle des prix et des marges pour les biens de consommation et le droit à l’eau » : « Ce sont des propositions qui répondent à notre détresse et nos problèmes quotidiens », assure le jeune homme. De fait, le volet outre-mer du programme de L’Avenir en commun était l’un des plus fournis, avec celui du Rassemblement national (RN).

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Auteur: Marion Lecas Reporterre