En Guyane, la ruée vers l'or fait disparaître jaguars, loutres et poissons

Sur les abords des fleuves Maroni et Oyapock en Amazonie, frontières de la Guyane française avec le Surinam et le Brésil, les activités humaines détruisent la biodiversité. Dans les fleuves, plusieurs espèces de poissons ont déserté à cause de l’orpaillage. La déforestation liée à cette recherche d’or a aussi causé la disparition de quatre espèces de grands mammifères en aval de régions déforestées. Plus de traces du jaguar, du singe araignée, du chien des buissons ou encore de la loutre.

L’orpaillage illégal pratiqué dans la région est par définition difficile à documenter. Les vues aériennes de la forêt amazonienne donnent toutefois une idée précise de l’état de la déforestation, et donc de la localisation des humains qui s’y adonnent. En identifiant les espèces animales présentes en aval des zones déforestées et non déforestées grâce à l’ADN des espèces passées par là, que ce soient des poissons ou des animaux terrestres qui traversent le fleuve, une équipe de recherche du laboratoire Évolution et diversité biologique, basé à Toulouse, a évalué les conséquences des activités humaines sur la biodiversité. Et leurs résultats, publiés dans Nature Communications le 7 juin, montrent qu’une activité même peu importante entraîne une forte perte de biodiversité.

Outre la disparition de grands mammifères en aval des régions déforestées, les effets de l’orpaillage sur la biodiversité du fleuve sont encore plus importants. Treize espèces de poissons en moyenne sont absentes en aval des zones de déforestation, soit une perte de biodiversité de près d’un quart entre les sites avec et sans déforestation. « Les zones de déforestation témoignent souvent de la présence d’une activité d’orpaillage. Activité qui vient directement perturber le milieu aquatique », explique Isabel Cantera, première autrice de l’article. « Les espèces de poissons détritivores associées aux fonds sont particulièrement affectées par les effets du brassage de l’eau pour l’extraction de l’or », précise la chercheuse qui a fait sa thèse sur ce sujet et est aujourd’hui rattachée à l’Université de Milan.

Les poissons détritivores sont affectés par le brassage de l’eau pour l’extraction de l’or

« Jusqu’à présent, peu d’études montraient les impacts des activités anthropiques sur la faune aquatique amazonienne. Ça a été une surprise de voir une disparition d’espèces aussi importante », dit Isabel Cantera. Plus étonnant encore pour les…

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Auteur: Magali Reinert Reporterre