« En haut, ils ont des contraintes aussi ! »

Les lectrices et lecteurs de lundimatin commencent à connaître Hugo Dorgere, notre envoyé spécial et spontané depuis ce lieux mystérieux où l’on fabrique nos enfants : l’éducation nationale. Après, « Je veux plus aller à l’école » et « Monsieur, enlevez-moi mon zéro ! », un nouvel épisode en immersion et en apnée.

Cela fait une trentaine d’années que les managers régionaux chargés d’administrer les affaires de la bourgeoisie en France rêvent de vider le service public de sa substance communisante et d’en faire un reflet de la rentabilité entrepreneuriale. L’Education Nationale n’y fait pas exception et chaque année, ils réduisent les moyens dans l’espoir que ça ne se remarque pas trop. Auparavant, ils redoutaient un nouveau 1995, aujourd’hui, ils sont galvanisés par leurs triomphes, les réformes se succèdent à un rythme alarmant et les postes sont supprimés dans l’indifférence générale, 7900 rien que sous le mandat de Blanquer. Les enveloppes d’heures que reçoivent les établissements, les DHG (dotation horaire globale), se réduisent comment peau de chagrin et accompagnent la saignée de ce statut de fonctionnaire dont on voudrait enfin célébrer la disparition. L’auteur de ce texte revient sur ces expériences que subissent les personnels de l’Education Nationale et les possibilités de résistance.

La nouvelle me fait l’effet d’un coup de tonnerre.
Notre collègue d’allemand, Anke, qui a assisté au conseil pédagogique est formelle : un poste va sauter dans l’équipe d’anglais. Damn ! Moi qui croyais qu’avec la start-up nation au pouvoir, nous étions intouchables ! Bande d’ingrats, vous n’avez pas honte ? Nous nous saignons aux quatre veines pour enseigner la langue d’Elon Musk aux jeunes et voilà comment nous sommes remerciés ? Anke n’a pas saisi toutes les subtilités administratives de la nouvelle répartition des heures mais selon elle, c’est Hafsa qui doit partir. Elle serait la dernière arrivée en anglais au lycée Robert Doisneau, par conséquent, la foudre tombe sur sa tête. Dans la confusion du moment, je n’arrive pas à recomposer la chronologie de ma carrière dans l’Education Nationale, ni à me souvenir si je suis arrivé avant Hafsa. La pauvre a l’air décomposé. C’est une femme d’une cinquantaine d’année, ancienne contractuelle qui s’est résolue à passer les concours pour plus de stabilité.

— La sécurité de l’emploi, tu parles ! me dit-elle.

L’arbitraire de la décision me remplit de colère et…

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Auteur: lundimatin