En Inde, les crues du Brahmapoutre sont devenues « invivables »

Jorhat et ses environs (Assam), Inde

Sur le bas-côté de l’autoroute surélevée, une centaine de familles ont construit des abris en bois dans l’urgence. À 33 ans, Anjuma Begum survit là, avec son mari et ses trois enfants. « On vit comme des rats ! Pas d’électricité, pas de toilettes, pas d’eau potable. Mon bébé a attrapé la fièvre à cause des moustiques et j’ai peur qu’il se noie, donc je l’ai attaché aux meubles. »

Une fois de plus, le Brahmapoutre est sorti de son lit. Dans l’État de l’Assam, dont il traverse la vallée avant de rejoindre le Gange au Bangladesh, il a englouti 1 200 villages. Au total, quelque 600 000 personnes sont affectées par cette crue, inhabituelle au mois de septembre. « Durant le confinement, nous n’avons pas pu travailler ; désormais, c’est notre récolte de riz qui est en danger. Nos vaches et nos chèvres ont été emportées par les flots », raconte Anjuma Begum. De son village engloutis par les eaux, Pup-Deopani, on n’aperçoit plus que quelques toits.

Probin Pegu, désolé, montre ses récoltes ravagées par les eaux. © Côme Bastin/Reporterre

Autour de la ville de Jorhat, les dégâts sur les récoltes sont immenses. Dans le village d’Agaratoli, Probin Pegu nous a fait prendre une barque pour le constater. Selon ce jeune agriculteur de 26 ans, planter est devenu un coup de poker. « Normalement, la mousson se dissipe fin août et nous plantons donc à ce moment-là. Cette année, elle est revenue en septembre et tous mes champs ont été noyés sous les eaux. Il y en a pour 400 euros d’investissements perdus ! »

« Depuis quelques années, c’est devenu invivable. »

Même constat dans le village de Jajimukh, près duquel les rivières Janjhi et Mitong se jettent dans le Brahmapoutre. « Mes parents sont venus du Bihar [un État pauvre et rural du nord de l’Inde] pour travailler dans les ferries sur le Brahmapoutre », dit à Reporterre Baccha Lal Chowdhury. « Quand cette compagnie a fait faillite, ils se sont lancés comme agriculteurs », poursuit le fermier de 73 ans. « Pendant longtemps, on s’en sortait, mais depuis quelques années, c’est devenu invivable. Je ne sais pas si c’est le changement climatique, mais auparavant les crues étaient moins hautes et moins nombreuses. »

Baccha Lal Chowdhury a surélevé sa maison et ajouté un étage pour stocker ses grains et ses affaires les plus précieuses. Cette architecture, typique dans la vallée de l’Assam, montre que les habitants savent normalement composer avec les…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Côme Bastin Reporterre