En Indonésie, l'huile de palme contre le climat et les droits humains

L’huile de palme nuit gravement aux droits humains, selon un rapport de Human Rights Watch (HRW), publié jeudi 3 juin. L’ONG a enquêté en Indonésie, premier producteur mondial de ce produit prisé pour l’alimentation et la fabrication d’agrocarburants : certaines entreprises y ont étendu leurs plantations « sans véritable consultation des habitants locaux et sans compensation adéquate pour la perte de leurs terres agricoles ou de leurs moyens de subsistance, constate le rapport. La police a harcelé, intimidé et poursuivi les villageois qui ont résisté ou protesté. »

L’ONG s’est intéressée à l’exploitation de l’huile de palme dans la région du Kalimantan occidental, sur l’île de Bornéo, couverte en grande partie — sur 1,7 million d’hectares — de tourbières tropicales : cet écosystème particulier « ne couvre que 2 à 3 % de la surface terrestre de la Terre, mais stocke environ 25 % de son carbone terrestre, rappelle Andreas Harsono, de Human Rights Watch, joint par Reporterre. 38 % des tourbières tropicales se trouvent en Asie et l’Indonésie est le pays avec les zones de tourbe les plus grandes et les plus profondes, ce qui signifie le stockage de carbone le plus important. »

L’agro-industrie, rouleau compresseur dans un écosystème unique

Car pour étendre la culture de palmiers à huile, les compagnies détruisent méthodiquement ces zones humides : « Elles creusent des fossés ou des canaux larges et profonds pour drainer les zones tourbeuses et défrichent les forêts sur les terres où elles prévoient de planter des palmiers, explique à Reporterre Juliana Nnoko-Mewanu, autrice du rapport. Ce drainage a de graves répercussions sur l’environnement et le climat, comme les fortes émissions de CO2 dues à l’oxydation de la tourbe, l’affaissement des terres et la vulnérabilité des sols aux incendies et aux inondations. » Tandis que les communautés locales pratiquent depuis longtemps la culture à petite échelle de riz et de palmiers à noix de coco, le rouleau compresseur de l’agro-industrie vient menacer cet écosystème unique.

Parmi les entreprises présentes dans la région, l’ONG s’est penchée sur l’une des plus grandes sociétés sud-coréennes opérant en Indonésie : PT Sintang Raya. Elle a collecté de nombreux témoignages prouvant des violations des droits humains : accaparement et spoliation des terres des habitants, intimidations… Le tout couvert par les autorités gouvernementales. « [PT Sintang Raya] ne m’a pas parlé, mais ils ont pris…

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Auteur: Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre