En Iran, la population s'oppose à la mafia de l'eau

Hamid Enayat est un écrivain installé à Paris. Au cours des trente dernières années, il a fréquemment écrit sur les questions iraniennes et régionales. Khalil Khani, titulaire d’un doctorat en écologie, botanique et études environnementales d’Allemagne et docteur en psychologie médicale des États-Unis, a enseigné à l’université de Téhéran et à l’université d’État de Hesse, en Allemagne.


Après des inondations dévastatrices il y a quelques années, l’Iran est aujourd’hui frappé par un grave stress hydrique : quasiment un tiers de la population (environ 28 millions de personnes sur une population globale de 85 millions d’habitants), toutes classes confondues, manque d’eau pour la consommation courante, pour les cultures et l’élevage, et les coupures d’électricité se multiplient.

Depuis juillet dernier, de nombreuses manifestations ont eu lieu. Fin novembre, c’est dans le lit asséché de la Zâyandeh-Roud, cette rivière qui fit autrefois la prospérité d’Ispahan, que des centaines d’agriculteurs se sont installés pour un sit-in. Ils ont été rejoints par des milliers d’habitants des environs, et tous protestent contre la mauvaise gestion de la crise de l’eau par le régime d’Ali Khamenei, Guide suprême de la révolution. « Où est notre Zâyandeh-Roud ? » ; « Nous ne rentrerons pas chez nous tant que nous n’aurons pas récupéré notre eau », lancent-ils à la face du régime. 

Les organisateurs de ce mouvement ont tous été arrêtés et emprisonnés ; ce qui a déclenché, depuis, d’autres manifestations pour exiger leur libération. Cependant ils ont déclaré qu’ils ne quitteraient pas la prison tant que l’eau ne reviendrait pas dans la rivière. Les autorités ont exigé une caution pour leur libération, mais, sans eau pour leurs cultures, comment les agriculteurs pourraient-ils trouver de l’argent ?

Puits illégaux et affaissement du sol

L’Iran ayant un climat essentiellement aride et semi-aride, l’eau a toujours été une priorité absolue pour ses habitants. Dès le Ier millénaire avant notre ère, ils ont creusé des milliers de canaux pour capter les eaux souterraines, les qanâts, et les acheminer vers des citernes.

Mais, au XXe siècle, des changements socio-économiques…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre