En Iran, « les femmes sont à l'avant-garde du mouvement social »

Quel rôle a joué la mobilisation des femmes dès le début du soulèvement contre le régime de la république islamique ? Quel est le lien avec les revendications exprimées précédemment par les femmes ?

Les mobilisations de femmes pour défendre l’égalité homme-femmes et la place des femmes dans la société en Iran ont existé avant l’arrivée du régime des mollahs en 1979. Elles ont abouti au droit de vote des femmes en 1969 (avant la Suisse !), et ont porté sur le droit des femmes pour la demande de divorce et la garde des enfants. Mais le cadre général de la société restait patriarcal et dominé par la religion. Les femmes ne pouvaient voyager et sortir du pays sans autorisation de leur mari.

Les débuts de la république islamique ont été marqués par une grande mobilisation de 6 jours des femmes en réaction aux déclarations menaçantes de Khomeiny à la veille de la journée internationale des femmes du 6 mars 1979.

Une partie des femmes avaient espéré que le changement politique auquel elles avaient participé allait améliorer le statut des femmes… Cette large mobilisation, durement réprimée, a été la plus importante au cours des 44 dernières années. Elle n’a pas été soutenue par une partie des forces de gauche qui pensait qu’elle menaçait la jeune révolution, anti-impérialiste.

Une nouvelle explosion sociale a commencé avec l’action de Vida Movahed qui a brandi son voile au bout d’un bâton dans la rue de la Révolution à Téhéran en décembre 2017. Cet acte de protestation féministe a été suivi en 2018 et 2019 par un mouvement de révolte des classes défavorisées qui s’est répandu dans le monde rural et a donné lieu à une répression sanglante de la police avec 1500 morts. Ce qui a engendré un sentiment de colère et d’injustice qui porte en germe la nouvelle révolte des femmes de 2023.

Comment analysez-vous la mobilisation actuelle ?

L’assassinat par la police des mœurs d’une jeune kurde de 22 ans, Jina Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, a été l’étincelle qui a déclenché la vaste mobilisation des femmes. De nombreuses vidéos dans les réseaux sociaux avaient montré la violence extrême de la police des mœurs à l’encontre des femmes qui « portaient mal leur voile ».

La mobilisation a été amplifiée par le fait que Jina appartenait à la minorité kurde, largement opprimée par le régime des mollahs. La famille de Jina a osé rendre public ce féminicide d’État, alors que les familles n’avaient pas osé jusqu’ici dévoiler les nombreuses…

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Auteur: Sahar Salahshoor