En Italie, les jeunes reprennent le combat contre le projet ferroviaire Lyon-Turin

Cet article est le premier d’un reportage en deux volets consacrée à la lutte contre le projet ferroviaire Lyon-Turin dans le val de Suse. Le second : « Ni train ni frontières : ils luttent contre le Lyon-Turin et aident les exilés ».


Val de Suse (Italie), reportage

Avigliana, début mars. Sur le quai de la gare, le Turin-Bardonecchia de 17 h 51 a stoppé net. Sur le tableau des départs, tous les trains transitant par la petite commune piémontaise accusent bientôt des retards de plusieurs dizaines de minutes. Dans les wagons, on jette des regards impatients vers le cadran des montres. Il fallait que ça tombe un vendredi soir. À quelques mètres de là, dans le bar mitoyen, une bande de collègues brocarde sous la lumière des néons : « Ça, c’est encore un coup des No TAV… »

© Alexandre Pillondeau/Reporterre

Dans le val de Suse, vallée alpine de quelque 70 000 habitants qui court de Turin au mont Thabor, les trains comme les « No TAV » sont un sujet de crispation régulier. Voilà près de 30 ans que les drapeaux du mouvement flottent partout sur les routes, que ses graffitis bigarrent les murs des tunnels. La « TAV », pour Treno Alta Velocità, c’est le projet d’une ligne ferroviaire à grande vitesse qui doit être construite dans la région pour relier Lyon à Turin. Ses premiers opposants ont défilé pour la première fois à Sant’Ambrogio, le 2 mars 1996. Difficile de chiffrer combien de cortèges ont, depuis, traversé le val de Suse, dénonçant un ouvrage dispendieux, inutile et destructeur de l’environnement. « Une cinquantaine, au bas mot », hasarde Alberto Poggio. L’un des plus mémorables est probablement celui de Venaūs, dont l’anniversaire est célébré depuis le 8 décembre. En 2005, une mobilisation massive avait réussi à déloger du petit village montagnard ce qui devait devenir le chantier principal de la TAV.

Un dimanche sur le chantier principal de la société TELT à Chiomonte, en Italie. © Julie Déléant / Reporterre

Chiara Olivero membre du comité des jeunes No TAV du val de Suse, avait 8 ans à l’époque. Ses premières marches, elle les a faites, comme de nombreux enfants de la vallée, perchée sur les épaules de ses parents. « La lutte a toujours été là. Je me souviens que déjà en primaire, quand il y a eu l’incident avec Luca Abbà [en 2012, le militant, âgé de 37 ans au moment des faits, s’est électrocuté sur un pylône au cours d’une manifestation], nous en parlions entre nous dans la cour de récréation », se…

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Auteur: Reporterre