« En Italie, une lutte ouvrière pour le droit au pain et aux roses ». Entretien avec Alberto Prunetti

Le mois dernier, l’un des principaux auteurs et éditeurs italiens de littérature ouvrière (working class), Alberto Prunetti, était de passage à Paris pour présenter son livre Odyssée Lumpen, récemment traduit et publié en français aux éditions Lux, ainsi que la traduction en français du journal de lutte des ouvriers de l’ancienne usine GKN à Campo Bisenzio, près de Florence, qu’il a édité aux éditions Alegre (Soulevons-nous. Journal collectif d’une lutte ouvrière (et pas que), traduit dans le cadre de l’ANR Theovail).

À cette occasion, Alexis Cukier, Aurélie Dianara et Camille Ternier l’ont rencontré et interviewé pour Contretemps.

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Contretemps : Tu es né et as grandi au sein d’une famille ouvrière près de Grosseto, dans la Toscane industrielle, et tu as été le premier membre de ta famille à accéder à l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, tu es l’un des principaux auteurs de littérature working class en Italie. Peux-tu nous en dire plus sur tes origines familiales, ton expérience professionnelle et militante, et comment tu en es venu à écrire sur la classe ouvrière, à éditer de la littérature working class et à la promouvoir ?

Alberto Prunetti : Je suis le fils d’une femme au foyer et d’un soudeur et tubiste, un ouvrier de maintenance industrielle qui est mort d’une maladie professionnelle liée à son exposition à l’amiante[1]. J’ai grandi dans des années où les enfants d’ouvriers avaient tendance à faire des études, même non professionnelles. Ma famille m’a soutenu, mais seulement dans une certaine mesure. Le monde des lettres, celui qui m’intéressait le plus, était perçu comme un territoire ennemi pour eux. Alors que la technique garantissait à leurs yeux une solidité qui, pour moi, était au contraire asphyxiante.

Je suis allé à l’université sans grand intérêt, me consacrant plutôt à la lecture sauvage pendant mon temps libre par…

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Auteur: redaction