En Italie, une sécheresse historique menace l'agriculture

Truccazzano (Italie), reportage

À quelques kilomètres à l’est de Milan, à Truccazzano, l’entreprise agricole de Davide Canegrati est en ébullition. Il n’est pas encore 9 h et il faut gérer les premières urgences. « Un tuyau d’eau vient de se casser, je règle ça et j’arrive », annonce l’agriculteur de 36 ans en pianotant sur son portable. Alors que le nord de l’Italie vit la pire sécheresse depuis 70 ans, pas question de perdre une seule goutte d’eau.

À Truccazzano, un canal à sec. © Caroline Bordecq/Reporterre

Depuis la canicule de 2003, le pays a connu « les six années plus sèches de son histoire », rappelle Francesco Vincenzi, président de l’association des consortiums d’irrigation (Anbi). Toutefois, cette année n’est pas comme les autres. Non seulement pour la gravité de la situation mais aussi pour la période à laquelle elle se produit. « Si, avant, on parlait de sécheresse à partir du 20 juillet, là on est le 23 juin et on en parle déjà depuis au moins vingt jours », s’alarme-t-il.

Les chutes de neige ont diminué de 70 % cet hiver et les précipitations de moitié depuis le mois de décembre

Premier témoin et victime du drame : le Pô. Ce fleuve de 652 km, le plus long d’Italie, traverse le nord du pays en partant des Alpes, à l’ouest, en direction de la mer Adriatique, à l’est. Une animation réalisée avec les images satellites de l’Agence spatiale européenne (ESA) compare l’état du fleuve en 2020, 2021 et 2022. Le constat est troublant. On y voit le cours d’eau qui se réduit progressivement, laissant place à des plages de sable toujours plus étendues. Le débit du Pô a tellement diminué — jusqu’à 80 % — que l’eau salée venant de la mer Adriatique est parvenue à remonter sur près de 30 km vers l’intérieur des terres. Une situation à risque pour l’approvisionnement en eau potable et pour l’agriculture. « On ne peut pas irriguer avec de l’eau salée, sinon on brûle tout », explique Francesco Vincenzi. De plus, l’infiltration de l’eau salée signifie des conséquences sur le long terme car « il va falloir des années avant qu’elle disparaisse des aquifères ».

© Gaëlle Sutton/Reporterre

Au nord du fleuve, les grands lacs s’assèchent aussi à vue d’œil. Le lac Majeur aurait besoin de plus de 2527 millions de m³ d’eau pour revenir dans sa moyenne, selon l’Anbi, et le lac de Côme a un taux de remplissage inférieur à 12 %. Par ailleurs, ce sont ces mêmes lacs qui alimentent en partie les fleuves…

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Auteur: Reporterre