En Océanie, un droit de la nature colonial de plus en plus remis en cause

Mars 2017, le parlement néo-zélandais reconnaît au fleuve Whanganui ses droits. La nouvelle fait le tour du monde. L’Inde, le Brésil, la Colombie suivent peu après, les défenseurs du concept n’hésitent pas à parler de révolution copernicienne… Si l’annonce est majeure, en Océanie, elle a une autre saveur. Elle offre une perspective nouvelle : et si reconnaître une valeur juridique à la Nature pouvait permettre aux peuples autochtones de décoloniser leur droit de l’environnement ?

« En reconnaissant le fleuve Whanganui comme sujet de droit, le gouvernement a surtout cherché à réparer un préjudice colonial, explique Victor David, juriste chargé de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et membre d’un groupe d’experts de l’IPBES. Il redonne aux Maoris la possibilité de défendre ce cours d’eau qu’ils considèrent eux-mêmes comme une entité spirituelle vivante. » Un droit que les descendants de la Couronne bafouaient depuis la signature du traité de Waitangi en 1840. L’accord garantissait aux Maoris la pleine possession de leurs terres, dont le fleuve Whanganui, mais n’a jamais été respecté. Rapidement, les Britanniques ont introduit la notion de droit de propriété, transformant le fleuve en objet de droit et permettant son exploitation.

Un droit de l’environnement inspiré par les empires coloniaux

Partout en Océanie, les Britanniques à travers la Common law ou les Français, Portugais et Espagnols à travers le droit romano-germanique ont façonné les lois environnementales. « Ces deux grands systèmes juridiques ont directement inspiré le droit international et celui de leurs colonies », rappelle Victor David. Ainsi, même dans les espaces décolonisés, ces conceptions persistent. Les Fidji et le Vanuatu ont un droit de l’environnement très proche de ceux de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, eux-mêmes directement inspirés par la Common law britannique.


Auteur: Reporterre
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