En Ouganda, les pressions à l'encontre des opposants de Total s'intensifient

C’est un soulagement pour Maxwell Atuhura. Le défenseur des droits humains et membre de l’ONG ougandaise African Institute for Energy Governance (Afiego) a été libéré sous caution jeudi 27 mai, après 48 heures de détention. Selon les informations de Reporterre, il devra se présenter au département des enquêtes criminelles régional (CID) du commissariat de Hoima, dans l’ouest de l’Ouganda, le 2 juin prochain.

C’est en sortant de leur déjeuner, aux environs de 15 heures mardi 25 mai, que Maxwell Atuhura et la journaliste italienne Federica Marsi ont été appréhendés par le resident district commissioner — l’équivalent ougandais du préfet -, alors qu’ils s’apprêtaient à rencontrer des personnes affectées par le mégaprojet pétrolier de Total, dans le district de Buliisa, à l’ouest du pays. Si la journaliste indépendante a pu être libérée au bout de quelques heures, Maxwell Atuhura, lui, a passé 48 heures en détention, officiellement pour « rassemblement illégal » dans le cadre du Covid-19, a indiqué à Reporterre Thomas Bart, porte-parole de l’association Survie. Maxwell Atuhura a ensuite été transféré au commissariat de Hoima.

Le défenseur des droits humains Maxwell Atuhura en détention le 27 mai au matin, avant sa libération. © Les Amis de la Terre France

Travaillant pour l’ONG Afiego, Maxwell Atuhura étudie depuis plusieurs années l’impact social et environnemental des projets Tilenga et Eacop (East African Crude Oil Pipeline), portés par Total et la compagnie chinoise China National Offshore Oil Corporation (CNOOC). La multinationale française est l’actionnaire majoritaire de ces projets depuis le rachat, il y a un an, des parts cédées par l’entreprise britannique Tullow Oil. Tilenga et Eacop sont les deux faces d’un même mégaprojet pétrolier. D’un côté : 400 puits forés dans le nord-ouest de l’Ouganda, dont une centaine dans le parc national de Murchison Falls. De l’autre : un pipeline de 1 443 kilomètres traversant l’Ouganda et la Tanzanie, qui constituerait le plus long oléoduc chauffé au monde selon un rapport d’Oxfam et de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH).

Ce projet est jugé « climaticide » par les ONG internationales, et ses conséquences humaines et environnementales ont été détaillées dans le rapport de Survie et des Amis de la Terre France paru en octobre 2020. « Plus de 100 000 personnes sont en train d’être expropriées de leurs terres », rappelle Juliette Renaud, responsable de…

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Auteur: Maïa Courtois Reporterre