En plein hiver, l'eau manque déjà en Haute-Garonne

Le niveau de la Garonne ne trompe pas. À Toulouse, depuis les différents ponts qui enjambent le fleuve, des rochers et des petits îlots de terre sont à nu. Une situation normale durant l’été mais pas en plein hiver. « Début janvier, on avait un débit de l’ordre de 50 m3 par seconde dans la Garonne. C’est le tiers de ce qu’il devrait être. Cela correspond à un débit qu’on observe normalement fin juin ou début juillet » dit à Reporterre Jean-Michel Fabre, président du syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (Smeag). Le manque de pluies conjugué aux températures trop élevées ne permettent pas aux sols et aux nappes souterraines de se recharger.

Chargé de surveiller la Garonne qui fournit de l’eau potable à un million de personnes, aux industries, aux installations hydroélectriques et aux agriculteurs, le Smeag a également la responsabilité de lâcher de l’eau en période d’étiage pour équilibrer les niveaux du fleuve, grâce à des barrages. « On va sûrement battre un record avec ces niveaux très bas pour un mois de janvier, et les réserves d’eau du Piémont sont remplies à moins de 20 % », continue celui qui est aussi vice-président du conseil départemental, chargé de l’Environnement.

Selon Simon Mittelberger, climatologue à Météo France, « l’année 2022 à été la troisième année la plus sèche de l’histoire en Haute-Garonne. Il y a eu 600 millimètres de précipitations alors qu’on en a normalement 830 ». Le déficit pluviométrique n’est pas le seul responsable de cette sécheresse, les températures ont également atteint des records en 2022 dans la région, et continuent d’être anormalement douces cet hiver. « En Haute-Garonne, 2022 a été l’année la plus chaude enregistrée. Ce qui est marquant c’est que la région a explosé le record de 2020 avec près d’1 °C d’écart », explique Simon Mittelberger.

Chaleur oblige, les plantes pompent l’eau même en hiver

La chaleur entraîne en effet, logiquement, une évaporation plus importante. « La végétation va également entrer en dormance plus tard dans l’année, c’est-à-dire qu’elle va rester active sur les mois d’automne et continuer à puiser de l’eau dans les sols », explique le climatologue. « C’est normalement durant les mois d’automne et d’hiver que les sols se réhumidifient. L’état actuel des sols montre qu’on a entre 1 mois et demi et 2 mois de retard sur cette humidification. »

Le monde agricole s’inquiète également de cette situation. « En hiver, c’est déjà alarmant, alors si le printemps n’est pas plus humide, il n’y aura aucune réserve tampon pour nous aider à passer les périodes critiques durant…

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Auteur: Justin Carrette Reporterre