En pleine croissance, les magasins bio perdent-ils leur âme ?

Le logo vert et jaune a été retiré de la vitrine. À Rouen (Seine-Maritime), place des Carmes, le magasin Bio c’ Bon a été remplacé au début du mois de juin par un Carrefour City. Cette disparition est une des conséquences du rachat de l’enseigne de magasins bio en novembre 2020 par le groupe Carrefour. Partout en France, de Lille à Paris, une quinzaine de Bio c’ Bon ont subi la même transformation.

Depuis, les critiques fusent. Pour certains observateurs, ce changement symboliserait la « perte d’âme » des chaînes traditionnelles de magasins bio spécialisés. L’accusation revient régulièrement depuis quelques années : les boutiques telles que Biocoop, La Vie claire ou encore Naturalia seraient devenues trop grandes, avec trop de produits, et auraient perdu de vue « l’esprit de la bio » des débuts. Au point de devenir comme n’importe quel magasin conventionnel de grande distribution. Est-ce réellement le cas ? Reporterre a tenté de démêler le vrai du faux.

D’emblée, une certitude : les Français consomment de plus en plus de produits bio. D’après le baromètre annuel de l’Agence bio, en 2020, 9 Français sur 10 ont consommé des produits bio au moins une fois dans l’année, et 73 % d’entre eux l’ont fait au moins une fois par mois. Par conséquent, le marché représente de plus en plus d’argent : 13,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020, soit une croissance de 10,4 % par rapport à l’année précédente. « Depuis une dizaine d’années, le bio est enfin sorti du carcan “militant bobo” dans lequel il a baigné pendant une trentaine d’années, observe le journaliste Frédéric Denhez, auteur de Le bio : au risque de se perdre (Buchet-Chastel). La grande distribution l’a fait sortir de ce cadre pour l’élargir à une clientèle plus vaste, des jeunes parents par exemple. Il y a eu une demande très forte, la grande distribution l’a compris et cela a profité aux enseignes traditionnelles qui ont grossi. »

Déchargement d’un camion de livraison Biocoop à Paris. Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Oliver H

À titre d’exemple, le réseau Biocoop, leader du marché des magasins bio spécialisés, comptabilise aujourd’hui 710 points de vente. Le chiffre devrait même atteindre 750 boutiques à la fin de l’année. Il y a quatre ans, elles n’étaient « que » 431. « Le secteur connaît une évolution importante, les magasins ont des tailles de plus en plus grandes », confirme Didier Perreol, président du réseau Synabio, qui rassemble…

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Auteur: Justine Guitton-Boussion (Reporterre) Reporterre