En pleine guerre, les habitants du Rojava plantent des arbres

Ziwer Ceikho est cofondateur et porte-parole des Tresses vertes, une association du Rojava qui souhaite replanter des arbres dans un territoire touché par la désertification. Il était de passage à Paris pour recevoir le prix de la fondation Danielle Mitterrand.

Reporterre — Où en est la situation géopolitique du Rojava ?

Ziwer Ceikho — Deux semaines avant mon arrivée en France, la région du nord-est de la Syrie a subi de nouvelles attaques aériennes. Le gouvernement turc a ciblé les ressources vitales : les stations de pompage d’eau, les hôpitaux, les locaux municipaux, les centrales électriques… Quarante-huit infrastructures ont été visées. Ce territoire autoadministré n’a jamais été reconnu par le régime syrien ou turc car nous sommes un système démocratique qui réunit une diversité culturelle, ethnique et multiconfessionnelle. Si le régime reconnaissait un tel système d’organisation, il faudrait qu’à son tour la Turquie accepte que les 20 millions de Kurdes qui résident sur son territoire aient droit, eux aussi, à l’autodétermination.

Les bombardements ne sont pas les seules armes utilisées par la Turquie pour déstabiliser la région…

L’eau est utilisée comme une arme de guerre contre les régions kurdes. En construisant des barrages, comme le projet Gap, la Turquie tente d’assécher les régions du reste de la Syrie et de faire fuir les habitants. Les ressources en eau viennent majoritairement de la Turquie, via l’Euphrate et le Tigre, et descendent jusqu’aux plaines de la Syrie. Aujourd’hui, à cause du réchauffement climatique, ces deux grands fleuves ont atteint le niveau le plus bas de leur histoire et sont sur le point de s’assécher.

« Nous espérons augmenter les pluies, baisser la température… »

Cela crée des problèmes sanitaires : à cause des barrages, l’eau de la rivière Jaqjaq qui traverse la ville de Kamcho est désormais stagnante, en plus d’être polluée par les rejets des usines. La biodiversité qui existait autour de cette rivière a disparu. Nous avons vu beaucoup d’arbres mourir, d’oiseaux partir… Et bien sûr, cela a un impact sur la situation économique des villageois. Les populations ne peuvent plus utiliser l’eau, les agriculteurs ne cultivent plus que du blé en espérant voir tomber la pluie, et certains ont dû se résoudre à abandonner leur culture.

Pourquoi avoir fait de la reforestation la priorité de votre association ?

Nous avons constaté que le pourcentage d’espaces verts était très faible. En 2008,…

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Auteur: Reporterre