En pleine pénurie, le retour de la moutarde française

Quotidien
Agriculture

Landrais (Charente-Maritime), reportage

La récolte vient d’avoir lieu à Landrais, où Laurent Pinaud est exploitant en agriculture biologique depuis 1995. Ici, en plus du blé, du maïs et des haricots, il cultive aussi des graines de moutarde. Comme quelque 300 autres producteurs français, ses graines permettront de créer une moutarde made in France. Un produit devenu précieux dans notre pays, à l’heure où les pots ont disparu des étals de nos supermarchés.

Alors que le Canada et l’Ukraine couvraient largement les besoins des Français en moutarde, le dérèglement climatique et les conflits ont bousculé les calendriers. L’invasion de l’Ukraine, 4e producteur mondial, par la Russie, 2e producteur mondial, a mis à mal ce marché. Impossible pour la France de miser sur sa seule production française : la culture de moutarde a presque disparu du pays depuis la Seconde Guerre mondiale, à tel point que la production française couvre seulement un tiers des besoins nationaux. Résultat : la pénurie s’est répandue aux quatre coins du monde, provoquant une augmentation des prix.

« L’Ukraine et la Russie produisent principalement des graines de moutarde jaune Sinapis alba, qui sont utilisées pour la moutarde d’Alsace ou en Allemagne. Or pour la moutarde de Dijon, nous avons besoin des graines brunes Brassica juncea », détaille Luc Vandermaesen, directeur général de l’entreprise Reine de Dijon, troisième fabricant français de moutarde. Problème : les graines brunes dont il est question proviennent du Canada, frappé de plein fouet par le réchauffement climatique.

Graines de moutarde brunes. © Corab

En juillet 2021, le dôme de chaleur qui a provoqué la mort de plus de 700 personnes, et détruit notamment le village de Lytton dans l’ouest canadien, a décimé les champs de moutarde. Selon la commission canadienne des grains, la production en 2021 a été réduite de moitié comparé à 2020, passant de 98 800 tonnes à 49 955 tonnes.

« Une culture assez risquée et fragile »

En Charente-Maritime, la Coopérative régionale d’agriculture biologique (Corab) a eu le flair de relancer la production de graines bio brunes et jaunes juste avant la pénurie. Forte de 150 producteurs sur 6 000 hectares, la Corab a repris la culture avec une dizaine d’agriculteurs, comme Laurence et Laurent Pinaud. Ils se sont mis à en planter en 2019 pour diversifier leurs cultures. Ils en ont récolté 5,8 tonnes en 2021, et comptent en produire encore plus les années à venir….

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Auteur: Maxime Carsel Reporterre