En pleine ville, des « Fées » veillent sur un marais miraculeux

Forest (Bruxelles-Capitale, Belgique), reportage

C’est une matinée printanière, et le marais Wiels se réveille en clapotant, soufflé par un doux zéphyr. Les rayons du soleil se reflètent sur les vaguelettes, formant une grappe d’étincelles éphémères. Sur l’étendue éblouissante, un grèbe castagneux se prend le bec avec une foulque macroule. Une rousserolle effarvatte se faufile, vive comme l’éclair, entre les cannes de la roselière. Sept petits cygnons, le duvet crème, barbotent derrière leurs parents. Un concert de coassements et de pépiements se superpose à la bande-son de la ville et au ronronnement de ses véhicules. « Ceci est un étang de 8 752 m2. Pas moins ! Non à toute construction. Sauvons tout le marais Wiels. »

Comme un dernier rempart, ces mots ont été couchés, aux feutres noirs et rouges, sur un écriteau pendu aux clôtures bordant l’étendue d’eau. C’est le cri silencieux de ses défenseuses et défenseurs, les autoproclamées « Fées du marais », déterminées à sauver ce biotope menacé par un projet de « revalorisation », qui pourrait entraîner des destructions et le départ définitif de certaines espèces. C’est le plan de la région Bruxelles-Capitale : ériger entre 70 et 80 appartements dans cet espace lové entre une avenue passante à quinze minutes de la gare de Bruxelles-Midi, et une ligne de chemin de fer.

« Ces logements provoqueraient la destruction de la roselière nord, qui n’a pas été classée dans le nouvel Atlas du réseau hydrographique bruxellois, et ne sera pas protégé », déplore Geneviève Kinet, 58 ans, en désignant la zone humide qui borde l’étang. Une nuée d’agrions élégants bat des ailes. Un héron petit-déjeune, le bec en épée. Les plumes de son jabot se reflètent en jolis motifs dans l’eau.

« Gina », chapeau de paille et salopette bleue, est l’une des « Fées du marais ». Elle l’a découvert en 2015, au détour d’une…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi, Jeanne Fourneau