En relations internationales, le non-alignement existe-t-il vraiment ?

Ces dernières années, dans un contexte marqué par l’intensifcation de la confrontation sino-américaine et, spécialement depuis le 24 février 2022, par l’effondrement des relations russo-occidentales, l’invocation de la guerre froide s’impose de plus en plus dans les commentaires sur l’état du monde.

L’un des aspects majeurs du retour de la rhétorique de la guerre froide est l’emploi fréquent de la formule de « non-alignement », en référence au Mouvement portant ce nom, instauré en 1961 et qui existe toujours officiellement : il compte aujourd’hui 120 pays et a tenu son dernier sommet à Bakou en 2019.

Aujourd’hui, comme à l’époque, un certain nombre d’États dits « du Sud » refuseraient de s’inscrire clairement dans un camp ou dans un autre, et se rapprocheraient les uns des autres pour faire valoir leurs intérêts spécifiques. De même que, durant la guerre froide, l’Ouest accusait souvent le Mouvement des non-alignés (MNA) d’être instrumentalisé par Moscou, il déplore aujourd’hui que nombre d’États du Sud rechignent à s’associer aux sanctions contre la Russie et à condamner l’agression russe contre l’Ukraine.

Il apparaît dès lors utile de rappeler ce que fut – et ce que ne fut pas – le Mouvement des non-alignés durant la guerre froide, afin de comprendre dans quelle mesure la référence à cette organisation et à cette période est pertinente de nos jours.

Une importance historique exagérée

Le non-alignement a été un mythe unificateur pour quelques pays leaders du mouvement et pour leurs régimes (notamment la Yougoslavie et l’Algérie) qui, via leur adhésion à ce concept, ont renforcé leur statut international et leur légitimité intérieure.

Rappelons cependant que le MNA a mis beaucoup de temps à se structurer. Après la brève rencontre de Brioni (1956) entre Tito, Nehru et Nasser, la conférence de Belgrade (1961, avec 23 pays) a été la première réunion…

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Auteur: Pierre Grosser, Professeur de relations internationales, Sciences Po