En Russie, plus de 6 000 manifestants antiguerre arrêtés

Moscou (Russie), correspondance

Militant pour le climat en Russie, Arshak Makichyan devait s’envoler pour l’Arménie le jour où Vladimir Poutine a lancé la guerre contre l’Ukraine, le 24 février. C’était aussi le jour de son mariage. Son épouse et lui ont décidé de rester à Moscou. « Notre lutte en Russie maintenant est plus importante que notre sécurité et nos projets », a écrit l’activiste de 27 ans sur Twitter. « Le monde a changé. La guerre est en cours et il n’y a plus de vie normale. Il y a la solidarité avec l’Ukraine ou la catastrophe. »

En Russie, au sixième jour de guerre, la société russe est comme coupée en deux entre ceux qui s’informent par les médias officiels où il n’est pas question de la guerre en Ukraine mais d’une « simple intervention militaire », et ceux qui s’informent sur les réseaux sociaux et sur Internet, qui sont majoritairement contre la guerre. Avec les mêmes mots qui reviennent sans cesse : stupeur, choc, honte et aussi la peur d’être détestés partout et isolés du reste du monde alors que la plupart des liaisons aériennes entre l’Europe et la Russie sont désormais coupées. Ekaterina, 46 ans, mère de trois enfants, tient à témoigner : « Toutes les personnes normales en Russie sont choquées et contre la guerre. C’est très important de le faire savoir », dit-elle à Reporterre. « Les Ukrainiens sont une nation fraternelle pour les Russes, nous avons vécu dans le même pays pendant longtemps, il est insensé que nous nous battions contre eux », déplore auprès de Reporterre Alina, étudiante de 21 ans « terrifiée par la guerre ».

Au mariage d’Arshak Makichyan. © Arevik Harazyan

Malgré les risques d’arrestation, plusieurs centaines de personnes tentent chaque jour de manifester dans les villes de Russie. Une autre action de protestation consiste à taguer ou à coller des messages contre la guerre dans les rues.

Mardi 1er mars, plus de 6 400 personnes avaient été arrêtées dans le pays depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, dont près de la moitié à Moscou, selon l’ONG spécialisée OVD-Infos, qui tient un décompte quotidien des interpellations. Avec des cas aussi absurdes que tragiques. À Rostov-sur-le-Don, ville de l’ouest de la Russie, une jeune femme a été arrêtée pour avoir tenu dans la rue une pancarte blanche, vierge d’inscriptions. Elle a été accusée de « désobéissance à la police » et condamnée à huit jours de prison.

Bien qu’il soit difficile d’évaluer…

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Auteur: Reporterre