En Seine-Saint-Denis, des terres polluées par un trafic de déchets

Vaujours (Seine-Saint-Denis), reportage

C’est un terrain au nom romantique : le Pré aux saules. Pourtant, nul arbre majestueux ne se dresse à l’horizon. Coincée entre une voie rapide, une industrie de transformation du gypse et un concessionnaire automobile, cette parcelle de la ville de Vaujours (Seine-Saint-Denis) est en friche depuis des années. Seul un haut tapis d’herbes folles recouvre un vaste monticule de terre. C’était naguère un terrain vague sur lequel les enfants du quartier avaient l’habitude de jouer au foot. Jusqu’en 2015. L’été de cette année, des dizaines de camions sont venus déverser près de 20 000 m3 de remblais, soit l’équivalent du volume de huit piscines olympiques. « Cette terre est polluée. Il s’agit de déchets de chantiers du bâtiment qui ne devraient pas être ici. Plusieurs catégories y sont mélangées : du non inerte comme les gaines électriques ou le PVC, et de l’inerte comme ces pavés », assure Didier Delpeyrou, membre de la Brigade écologiste, un collectif en lutte contre le trafic de déchets de chantiers.

Afin de prouver ses accusations, l’homme nous montre les résultats d’une étude réalisée en avril 2021 par le cabinet Setec Hydratec, qui indiquent que les remblais sont de mauvaise qualité. En cas d’évacuation, ceux-ci seraient « orientés en installation de stockage de déchets inertes (ISDI) et ponctuellement en installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND). En cas de changement d’usage, nous recommandons des investigations complémentaires », peut-on lire dans le document. En somme, ces monticules auraient dû être envoyés dans des décharges spécialisées et non répandus sur une friche.

La Brigade écologique a mené sa première enquête sur l’ancienne base militaire du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), le fort de Vaujours, sur lequel un océan de déchets est apparu pendant l’été 2020. © NnoMan/Reporterre

À la mairie de Vaujours, Dominique Bailly (Les Républicains), aux commandes de la ville depuis 2008, nous reçoit dans son bureau dont les murs sont tapissés de photos sur lesquelles on le voit en compagnie de Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet, Valérie Pécresse ou encore David Douillet. C’est lui qui avait demandé le remblayage du Pré aux saules durant l’été 2015. « Mon chef de police m’avait averti que 300 Roms allaient venir s’installer sur ce terrain. Il fallait le sécuriser rapidement avec des blocs pour éviter qu’ils ne puissent entrer. » Il…

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Auteur: Laury-Anne Cholez (Reporterre) Reporterre