En Syrie, les frontières ne tremblent pas

On aurait pu penser que quand la terre tremble, les frontières tombent. Que quand un séisme touche tous les habitants d’une zone sinistrée, l’aide humanitaire aussi. Ce n’est malheureusement pas le cas. Aujourd’hui, les Syriens, aussi bien en Turquie qu’en Syrie, sont victimes à la fois du séisme, de la guerre, du racisme et de la géopolitique humanitaire.

EN TURQUIE

Selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), la Turquie accueille 3,7 millions de réfugiés syriens ayant fui la guerre qui ravage leur pays depuis 2011. Dans les provinces de Hatay et de Gaziantep, frontalières de la Syrie, ils représentent près de 20 % de la population. Ces dernières années, la crise économique que traverse la Turquie a fait d’eux les boucs émissaires d’une partie de la population, banalisant un racisme anti-syrien latent, alimenté par l’extrême-droite et les médias. Violences et discriminations étaient déjà monnaie courante, que le séisme aggrave. Après le 6 février dernier, des familles syriennes ont été violemment expulsées de leurs logements et des camps de tentes où elles vivaient pour y reloger des familles turques. Accusés de pillage, des réfugiés sont passés à tabac tant par la police que par les habitants, dont la haine est attisée par des rumeurs circulant sur les réseaux sociaux. Les rescapés syriens sont évincés de l’aide humanitaire, dont la distribution priorise les populations turques. Des témoignages venus de plusieurs villes sinistrées rapportent que les secouristes gouvernementaux passaient leur chemin quand ils entendaient des appels à l’aide en arabe provenir des décombres.

Victimes de la guerre en Syrie, réfugiés en Turquie où ils ont le statut d’« invités » et sont la cible d’une haine grandissante, les réfugiés syriens ont, avec le séisme, tout perdu. Beaucoup décident aujourd’hui de rentrer dans une Syrie dévastée, après une décision d’Erdogan les autorisant à traverser la frontière et à retourner dans leur pays pour une durée de six mois.

LA FRONTIÈRE

Cette frontière, longue de 822 kilomètres, n’offrait jusqu’au 14 février dernier qu’un seul point de passage, filtrant la longue file des véhicules qui attendent de traverser. Il ne s’est ouvert que trois jours après le séisme, laissant passer six camions d’aide humanitaire « programmée », qui attendaient déjà avant la catastrophe. Trois jours après le séisme, où chaque heure compte pour sauver des vies. Six camions pour des milliers de…

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Auteur: dev