En tant que racisés, nous n’avons pas attendu le pass sanitaire pour être traités comme des citoyens de seconde zone

Oui, le pass sanitaire, dont le texte de loi ouvrant la possibilité de le prolonger jusqu’au 31 juillet vient d’être adopté par les députés à une voix près, est une aberration politique, éthique et morale. Il crée des catégories de citoyens/sous-citoyens au travers leur carnet de santé, des contrôles absurdes, et prouve bien moins son efficacité à stopper l’épidémie qu’à nous contraindre dans une logique nationale-autoritaire. Sur notre CV de personnes racisées, noires ou arabes (l’équivalent de notre “pass professionnel”, en quelque sorte), cela a toujours été le cas. Celui d’être discriminé sans que l’on puisse le savoir directement nous-même suite à des candidatures déposées, mais uniquement par des enquêtes ou de chiffres annuels révélés à l’échelle nationale.

L’année dernière, une étude réalisée par une équipe de chercheurs, à la demande du gouvernement, conclut qu’”une discrimination significative et robuste selon le critère de l’origine à l’encontre du candidat présumé maghrébin” est très forte dans nos grandes entreprises françaises : “20% de chances en moins de recevoir une réponse lors d’une candidature à une offre d’emploi et 30% de chances en moins d’être recontacté après une candidature spontanée”, précise t-elle. Les résultats étaient “sur la table du gouvernement depuis plus de huit mois, sans qu’aucune communication ne soit pour le moment prévue”, complète France inter. Étrange…

Lors d’une vaste enquête téléphonique anonyme, SOS Racisme révélait, au début du mois, que près d’une agence d’intérim sur deux, dans le secteur du bâtiment, discrimine sur des bases ethno-raciales de ses postulants. L’association antiraciste demande, de son côté, que “des mesures soient prises”. Prises, mais par qui, par quoi ? Les DRH ? La police ? La justice ? Julien Dray, cofondateur de cette association elle-même problématique, ou Gérald Darmanin, notre ministre de l’Intérieur accusé de viol et d’abus de faiblesse ? 

 Avant le pass sanitaire, il y a le pass social et le pass blanchitude.

Un article du Monde diplomatique de Benoît Bréville, intitulé “Islamophobie ou prolophobie ?”, affirmait ceci : “Passant au crible cinq cent vingt-cinq contrôles, ils constatent que les personnes identifiées comme « noires » ou « arabes » ont respectivement 6 et 7,8 fois plus de risque d’être contrôlées que les Blancs (ndlr : il cite une étude « Police et minorités visibles : les contrôles d’identité à Paris

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Auteur: Rédaction Frustration Mag