La Ferté-Gaucher (Seine-et-Marne), reportage
On n’avait jamais vu autant de banques différentes (6 !) dans une zone aussi restreinte. Dans le minuscule centre-ville de La Ferté-Gaucher (Seine-et-Marne), à environ 80 kilomètres de Paris, les devantures d’agences bancaires, omniprésentes, côtoient quelques petits commerces dont certains semblent fermés depuis un siècle. Nous sommes le 24 juin, le soleil tape fort et, assis devant un expresso sur la terrasse du Café de La Poste, Michel nous montre du doigt chaque établissement. « Vous voyez le CIC ? Avant, c’était un bar. Le Crédit agricole ? C’était un marchand de meubles… Aujourd’hui, à La Ferté, il n’y a plus que des banques, des assureurs et des agences immobilières », déplore-t-il, sous le regard approbateur de ses amis.
Né dans cette commune calme de 4 800 habitants, où le Rassemblement national (RN) a obtenu 47,43 % des voix aux élections européennes du 9 juin, le retraité de 78 ans a vu son fief changer progressivement au fil des décennies, passant de « pôle d’attraction » à ville de plus en plus enclavée. Fin des grandes foires populaires où Annie Cordy, Pierre Perret ou encore Dalida donnaient des concerts dans les champs alentour, arrivée des hypermarchés, fermeture des petites exploitations agricoles mais aussi de la ligne de chemin de fer…
Michel ne reconnaît plus les lieux où il a grandi et où, jeune homme, il aimait refaire le monde et jouer au babyfoot avec ses copains. « Ici, à la campagne, on est un peu les oubliés de la politique : les élus, que l’on ne voit jamais, ne savent pas ce qu’on vit », abonde un de ses amis. Avant d’ajouter cette phrase, devenue un classique de la rhétorique d’extrême droite : « Et puis, il faut bien le reconnaître : on n’est plus chez nous. »
Ce sexagénaire au rire facile, qui auparavant votait « à droite », soutiendra le RN aux élections législatives anticipées des…
La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Amélie Quentel, NnoMan Cadoret